Partisans et opposants du fédéralisme en Libye se sont affrontés vendredi à Benghazi, augmentant le risque d’une division du pays en trois régions autonomes, malgré tous les efforts du CNT pour apaiser la tension née de l’annonce de l’autonomie de la Cyrénaïque le 6 mars dernier par un cousin du roi déchu Idriss Al-Senoussi.
À l’approche des élections législatives, les Libyens sont toujours partagés sur fédéralisme, plus que jamais d’actualité après la déclaration d’autonomie rendue publique le 6 mars écoulé de la Cyrénaïque, qui regroupe tout l’est de la Libye. Les violents affrontements entre partisans du fédéralisme et opposants à cette option, suite au rassemblement organisé par l’initiateur du projet ont fait des victimes à Benghazi.
Les violences ont éclaté après une manifestation au cours de laquelle 2 000 personnes ont défilé jusqu’à la place de la Liberté, sur le front de mer, où le dirigeant local réclamant l’autonomie pour l’Est libyen, Ahmed Zoubaïr Al-Senoussi, un cousin du roi Idriss Al-Senoussi, déchu par Mouammar Kadhafi le 1er septembre 1969, a prononcé un discours. En effet, peu après le discours, des coups de feu ont retenti et des jets de pierres ont été échangés entre les partisans du fédéralisme et ceux qui rejettent cette idée. Selon Basma Mohammed, un responsable médical de la ville : “Une personne a été tuée et au moins cinq autres blessées.” Un autre responsable médical local a indiqué que la personne décédée était morte des suites d’un accident de voiture. “Une personne décédée dans un accident de voiture a été amenée au centre médical, ce qui a entraîné des confusions, mais il n’y a pas eu de morts dans les affrontements”, a-t-il déclaré. Cette déclaration a été confirmée par le président du Conseil suprême de sécurité de Benghazi, Fawzi Wanis, qui a évoqué un bilan de cinq blessés, dont deux par balles et trois à coups de pierres ou de couteau, avant d’assurer que “les choses sont rentrées dans l’ordre et les affrontements sont terminés”. De son côté, le porte-parole du CNT, Moukhtar Al-Jadal, a déclaré : “Nous appelons tout le monde à garder son calme”, ajoutant que les violences étaient une réaction spontanée, qui ne reflétaient pas du tout la position gouvernement sur ce dossier épineux.
Au-delà du bilan, il y a lieu de noter que cette histoire de fédéralisme, que cherche à imposer les dirigeants de la Cyrénaïque, une région riche en pétrole, risque d’avoir de lourdes conséquences sur l’avenir de la Libye. L’on rappellera que trois jours plus tard, des milliers de personnes avaient défilé contre le fédéralisme à Tripoli et à Benghazi, où des incendies avaient fait un mort et des dizaines de blessés. Même l’annonce jeudi par les autorités libyennes de l’amendement de la déclaration constitutionnelle qui régit la période transitoire post-Kadhafi, en donnant plus de représentativité aux régions dans l’Assemblée constituante qui doit être élue en juin, ne semble pas avoir calmé les esprits, comme en témoignent les violents affrontements de Benghazi avant-hier. Rappelons que la Libye était autrefois divisée en trois régions administratives, en l’occurrence la Tripolitaine (ouest), la Cyrénaïque (est) et le Fezzane (sud), avant que le système fédéral ne soit supprimé en 1963.
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