«Je ne suis absolument concerné ni par Sonatrach 1, ni par Sonatrach 2, ni par tout ce qu’on dit sur la gestion de la compagnie pétrolière de 1997 à 2000.»
Le propos est de Abdelamadjid Attar qui a démenti hier son inculpation et sa mise sous contrôle judiciaire par le juge d’instruction du pôle pénal spécialisé de Sidi M’hamed près la cour d’Alger.
«En justice, la personne inculpée est informée de sa mise sous contrôle judiciaire. Me concernant, je n’ai pas été destinataire d’une telle décision», a-t-il en effet insisté dans un entretien accordé au journal électronique TSA.
Il confirme toutefois avoir été entendu par le magistrat chargé du traitement de l’affaire Sonatrach 2.
«J’ai été effectivement entendu lundi matin par le juge chargé du dossier. L’audition s’est d’ailleurs bien déroulée et à aucun moment on ne m’a informé de cette inculpation, ni de la décision du juge de me placer sous contrôle judiciaire», tient-il à préciser. Dans la même journée, l’ex-PDG de Sonatrach n’a signé, selon ses dires, qu’un seul procès-verbal (PV), celui relatif à son audition.
«Je suis rentré chez moi rassuré et serein», a-t-il ajouté. Attar est même allé jusqu’à s’exprimer sur le contenu de son audition. Il affirme qu’il n’a nullement été interrogé sur les contrats signés par l’entreprise Sonatrach, lesquels contrats sont l’objet d’une enquête engagée par le pôle pénal spécialisé près la cour d’Alger.
«Il y a des choses que je ne pourrai pas dire maintenant. Toutefois, je peux affirmer que le juge ne m’a pas appelé pour l’affaire de Sonatrach ; d’ailleurs, hier, aucune question ne m’a été posée sur les contrats signés par la compagnie et qui sont au centre de la polémique», dira encore l’ex PDG de la société nationale des hydrocarbures en mettant en avant son respect du secret de l’instruction.
Ainsi, si Attar dit ne pas être concerné par le scandale de corruption qui ébranle l’entreprise Sonatrach, pourquoi donc le magistrat chargé de l’enquête l’a-t-il convoqué dans le cadre de la série d’auditions en cours ? A cette question, le concerné affirme exercer une activité à l’étranger» avec un pays qui n’est ni présent en Algérie ni n’y travaille.
«Le juge a tout à fait raison de penser que cela pourrait avoir un lien avec l’affaire Sonatrach. J’ai donné les explications qu’il faut, l’affaire suit son cours. Sincèrement, je suis tranquille et confiant sur le fait que je ne suis pas concerné par les scandales de Sonatrach, contrairement à ce que rapportent certains titres de la presse nationale», a-t-il expliqué.
Quand un oued déborde…
L’ex-patron de Sonatrach affirme en outre que la saisine dont a fait l’objet son passeport est justement liée à son activité à l’étranger.
Attar indique avoir confiance en la justice algérienne et n’exclut pas toutefois l’éventualité d’être mêlé au scandale de Sonatrach 2, compte tenu du poste de responsabilité qu’il a occupé à la tête de cette entreprise durant la période allant de 1997 à 2000.
«Quand un oued déborde, il risque d’emporter tout sur son passage. C’est surtout ça que je crains.» Hier, plusieurs quotidiens nationaux ont fait état dans leur édition de la mise sous contrôle judiciaire de l’ex-PDG de Sonatrach ainsi que la mise en détention préventive de Chawki Rahal, ex-vice-président chargé de la commercialisation au sein de la même entreprise, et de Nouria Miliani, patronne du cabinet d’études CAD.
Les auditions menées dans le cadre de l’affaire Sonatrach se poursuivent et concernent notamment Noredine Cherouati ayant occupé le poste de PDG de la compagnie depuis mai 2010 avant d’être «remercié» en novembre 2011.
Dans le cadre des investigations menées, il convient aussi de rappeler l’envoi de plusieurs commissions rogatoires par la justice algérienne à des tribunaux français, suisses, britanniques et italiens notamment.
La justice algérienne a également procédé le 3 avril dernier au gel des avoirs de la société italienne Saipem d’un montant de 79 millions d’euros.
Karim Aoudia