CONSTANTINE, 10 mai 2015 (APS) – Les nombreux visiteurs d’une exposition d’affiches et de photographies de scène dédiée aux productions du théâtre régional de Constantine (TRC) sont invités, à un passionnant voyage à travers 40 ans de créativité.
Organisée dans le cadre de la manifestation « Constantine, capitale 2015 de la culture arabe », l’exposition qui se tient depuis quelques jours dans le hall du TRC, un haut lieu de la culture, entièrement rénové et élégamment relooké, immortalise le cheminement du 4ème art sur le Vieux Rocher, éveille le goût pour l’art du spectacle sur les planches.
Renvoyant à des succès retentissants, la collection remonte le temps et rappelle que cet endroit mythique et ensorceleur où chaque soirée de spectacle était un événement dans une cité qui s’obstine à défendre son art et sa mémoire.
— La collection du TRC, quand l’art s’affiche—
Dans le hall du TRC, les murs semblent résonner encore des éclats de voix des grandes actrices et des grands acteurs qui se sont succédé sur les planches de ce théâtre. La collection d’affiches annonçant des pièces théâtrales, des photographies de scène ornant les lieux, des centaines de portraits d’artistes et des costumes, plongent le visiteur dans l’effervescence et le dynamisme qui ont de tout temps caractérisé le théâtre de Constantine.
A commencer par la pièce « Hasna et Hassan », écrite par le regretté Mohamed Benguettaf et mise en scène par Sid-Ahmed Agoumi, qui avait ouvert le bal des productions du TRC, en 1974, juste après son élévation au rang de théâtre régional.
Souvenir impérissable, la photo de scène de « Hasna et Hassan » capture Sonia Mekkiou, Aissa Reddaf, Noureddine Bechekri, Fatima Hellilou, Djamel Dekkar, Ouahid Boulekraf, Mayssa, Abdelhamid Ramdani et Mohamed Fellag.
Le cliché de scène de la pièce « Hada Idjib Hada », montée en 1976 et mise en scène par Amar Mohcen avec, à l’affiche, Yamina Djelloul, Zoubir Izem, Hassen Benzerari et tant d’autres, revoie à la première expérience de l’écriture collective des textes, initiée par l’équipe du TRC.
Dans une ambiance très « prenante » et un décor évocateur, l’histoire du 4ème art dans l’antique Cirta est aussi racontée avec des photographies de scène de la pièce « Rih Samsar », une autre création collective produite en 1977, mise en scène par Amar Mohcen, et qui transporta le TRC et son équipe, Allaoua Zermani, Hacene Boubriou, Antar Hellal et tant d’autres, au sommet de la gloire.
Les affiches « El Kanoun oua nass » produite en 1978, mise en scène par Abdelhamid Habbati, et « Elli mout ma ifout », écrite Issam Mahfoud et montée pour les planches par Abdelhamid Habbati, garnissent également ce haut lieu et rappellent ces belles productions du TRC qui brocardaient société et dirigeants et parvenaient non seulement à faire rire le public mais à ouvrir également les voies de la réflexion.
—- La collection du TRC, au c£ur d’une ambiance gouailleuse—-
A la découverte des secrets de « fabrication » de l’art et du rêve collectif, l’invité flâneur s’immobilise invariablement devant les photographies de scènes de la pièce culte « Nass el Houma », montée en 1980, avec une Fatima Hellilou dominant la scène et un Antar Hellal dont on a toujours dit qu’il était né pour faire du théâtre.
Le visiteur se remémore aussi « Errafad », une pièce jouée en 1982 avec Hadj Smain, Khelil Bouzahzeh et Allaoua Zermani, avant d’être immergé dans l’ambiance gouailleuse et très animée que savait créer la formation du théâtre de Constantine, devant l’affiche du chef d’£uvre « Ghessalet N’ouader », présentée en 1984, écrite et mise en scène par Amar Mohcen, et où le trio Hellilou-Dehimi-Djelloul avait impressionné, subjugué et ému.
Au fil des clichés, l’on ressent aussi l’euphorie interminable qui a suivi la présentation de la pièce « Def el Goul ouel bendir », produite en 1986, dans laquelle Abdelhamid Ramdani, Tayeb Dehimi, Aissa Redaf et Linda Belabed se sont donnés la réplique pour traiter sans complaisance des problèmes de société, de l’arrivisme, de l’excroissance du développement et de la situation de la femme.
Sur la piste des merveilles du théâtre de Constantine, un des moyens privilégiés d’expression, le visiteur de la collection du TRC « tombe » sur « Diwan El Adjeb » montée en 1990, écrite par Alloua Boudjadi et mise en scène par l’irakien Fares El Machta et Ahcene Boubrioua. Le cliché illustre une scène « cultissime » entre Antar Hellal, Lynda Belabed et Noureddine Merouani.
Devant « Sid El Wazir » montée en 1997, écrite et mise en scène par Ahcene Boubrioua, c’est l’humour caustique algérien et la subtilité avec laquelle les situations sociales les plus compliquées étaient traitées qui reviennent à l’esprit, « titillant » la nostalgie de certains visiteurs.
Vient l’affiche de « Massinissa », une pièce produite en 1999 écrite par Azzeddine Mihoubi et mise en scène par Abdelhamid Habatti, suivie d’ « El Boughi » montée en 2003 avec Fatiha Soltane, Nadia Talbi, Tin Hinan et d’autres, et puis « La paix » (2006) et « Leylet ellayali » (2010) dont le deux rôles principaux sont campés par un ancien parmi les anciens, Zoubir Izem et une des nouveaux « espoirs » du TRC, Mouni Boualem.
Dans le hall du TRC, un coup de projecteur sur la collection révèle des scènes du « remake » du chef-d’£uvre du grand Abdelkader Alloula , « El Adjouad », produit en 2011 avec le duo Hellal et Zermani. Sont également captés, non sans admiration, »Nissa’a El Madina » de Chahinez Neghouache produite en 2014, où Nadjla Trili, Mouni Boualem et Chaker Boulemdaïs revisitent la comédie de William Shakespeare « The Merry Wives of Windsor » (Les joyeuses épouses de Windsor).
Fascinante et nostalgique, la collection des affiches et des photographies de scène des productions du TRC semble avoir suspendu le temps, en immortalisant les « monstres sacrés » des planches de l’antique Cirta. Des femmes et des hommes qui ont donné, sans complexe, libre cours à leur passion, et écrit durant quarante années des pages de l’histoire du 4ème art dans la ville de l’art et de la culture.