Après la prière d’el fedjr, heure à laquelle a été affichée une liste de bénéficiaires de logements sur les murs extérieurs des mosquées, des familles qui ont relevé des irrégularités ont un peu plus tard exprimé leur mécontentement en fustigeant le maire durant un rassemblement.
De son côté, le P/APC, M. Bourouina, parle «d’une liste provisoire dans l’attente des recours».
La colère des citoyens a incité le P/APC à faire appel aux services de police qui, immédiatement, ont déployé un cordon de sécurité autour et à l’intérieur de l’édifice. «Le maire a beau faire montre de transparence et avancer des arguments, il demeure que tous les citoyens ici présents ne sont pas contents de constater que des familles nécessiteuses au plus haut point ne sont pas portées sur cette liste», lance une vieille femme accompagnée de ses enfants.
Cette dernière est relayée par un autre citoyen, père de 3 enfants, qui indique sur un ton empreint d’animosité : «Je ne comprends pas comment un entrepreneur figure sur la liste alors qu’il est à l’aise.» Il se lance dans la dénonciation en indiquant que «cet entrepreneur est l’ami du maire et à l’origine du financement de sa campagne électorale».
Un jeune, le visage congestionné par la colère, ose qualifier le maire de «menteur» au vu des promesses qu’il n’a pas tenues. «Je suis le fils d’un employé de l’APC qui a rendu l’âme au sein de cette même APC et issu d’une famille nombreuse qui vit dans la rue, et bien que le maire connaisse notre situation et en dépit des promesses qu’il nous a faites, nous sommes surpris de voir que notre famille est exclue de cette liste». Ce n’est que vers la mi-journée d’hier que les citoyens se sont dispersés progressivement, promettant de revenir à la charge.
Le maire s’explique
«Il y a un avis qui stipule que la liste est provisoire, ce qui veut dire que les citoyens peuvent adresser des recours au cas où ils y décèlent des irrégularités», a indiqué d’emblée le P/APC, M. Bourouina. A propos du choix des murs des mosquées pour l’affichage, le maire indique que «c’est une façon d’associer les citoyens intègres et pieux à l’épuration de la liste car même les enquêteurs peuvent faillir», ajoutant que «la
mosquée étant un lieu de culte et un lieu où la conviction religieuse est omniprésente, nous avons apuré les deux précédentes listes grâce à la contribution des imams, des fidèles et des comités de quartiers qui connaissent parfaitement les citoyens qu’ils côtoient».
Il finit par dire «qu’en choisissant les mosquées nous recherchons la transparence». M. Bourouina reconnaît que la demande (4610 dossiers) est supérieure comparativement au quota insignifiant de 60 logements. Il indique que «les enquêtes administratives ont éliminé 630 dossiers (101 décédés, 60 expulsés, 1025 ne résidant pas au sein de la commune, 6 se sont désistés, 85 avaient bénéficié de chalets ou logements, 111 absents n’ayant pas répondu
à l’appel, 24 résidant hors commune, 118 relogés après la démolition des immeubles et 38 résidant dans des bidonvilles)». Il affirma que «sur les 4610 dossiers, 1630 ont été éliminés, ce qui nous donne 2980 dossiers éligibles au terme des 1410 enquêtes diligentées au sein des 4 zones que compte la commune». Il indique que «la commission a procédé par élimination en tenant compte des cas urgents,
et à l’issue d’une opération de tri, les membres de la commission ont retenu les 60 familles figurant sur la liste qui, faut-il le rappeler, est provisoire et attend les recours des citoyens». Il révèle que «depuis 2002, l’APC a distribué 2200 logements entrant dans le cadre de l’éradication des bidonvilles, participatif, social et le recasement des familles logeant dans le vieux bâti menaçant ruine».
Par D. Mentouri