La campagne électorale s’est transformée en un véritable enfer pour certains citoyens pris en otage par des comportements inciviques de candidats qui aspirent à gérer leurs localités…
«Vivement que cette campagne se termine!». Voilà la réaction de beaucoup de citoyens victimes du dérapage électoral. En effet, au lieu de convaincre les électeurs, elle conforte donc les abstentionnistes dans leur choix et fait douter les indécis. Et ce n’est pas rien qu’à cause du discours politique développé qui frise le ridicule, mais aussi aux désagréments occasionnés aux citoyens. Le premier d’entre eux est l’affichage anarchique qui a envahi les devantures des commerces, des bâtiments publics, les entreprises, les maisons de particuliers, les écoles et même les voitures. «C’est inadmissible! En me réveillant ce matin, j’ai été stupéfait de découvrir que le mur de ma maison s’est transformé en panneau d’affichage électoral», dénonce Fouazi, habitant d’un quartier résidentiel à Ben Aknoun, sur les hauteurs de la capitale. «Je n’ai pas trouvé une ou deux affiches, mais des dizaines collées les unes sur les autres. Ils se sont acharnés sur mon mur. J’ai dû tout enlever avec mes enfants, mais la colle a abîmé la peinture…», ajoute-t-il avec colère. Même son de cloche du côté de Djamel, commerçant à Dar El Beïda (banlieue est d’Alger) qui a trouvé un nouveau «papier peint» sur la devanture de son magasin. «En allant ouvrir le matin, j’ai cru que mon commerce s’était transformé en permanence électorale», dénoncet-il. «Non seulement, cela touche à l’esthétique de mon magasin, mais aussi fait croire à mon implication politique, ce qui pourrait faire du mal à mes affaires», affirme-t-il en précisant qu’il était allé demander des explications au candidat. «Bien évidemment, il s’est dégagé de la responsabilité. Il a imputé la faute à ses militants trop enthousiastes…», rapporte-t-il. «Je vous jure que j’hésitais à aller voter, mais avec cette anarchie et ce manque de respect qu’ils ont affichés envers moi-même, si mon père était candidat, je ne voterais pas! Je n’attends que la fin de ce cauchemar», peste Djamel.
Le réveil de Saïd, un fonctionnaire habitant le centre d’Alger, a été difficile, mais pas à cause d’affiches trouvées sur sa voiture ou sur la porte de sa maison. «Je n’ai pas fermé l’oeil de la nuit. Nos futurs élus sont des voyous qui ne respectent rien. Ils font du tapage jusqu’à pas d’heure», fulmine-t-il. «Ils forment des cortèges de voitures qui klaxonnent et mettent la musique à fond toute la nuit. C’est pas mieux au niveau de certaines permanences qui se sont transformées en lieux de fête», poursuit-il avec la même colère. «Il était presque 1h du matin, je suis descendu de chez moi pour interpeller un candidat à la mairie de ma ville qui fait sa campagne électorale à une heure aussi tardive. Du tapage nocturne, c’est indigne de sa part», témoigne de son côté Mohamed, qui s’est accroché avec un candidat et ses supporters. «Il me répond qu’il est dans son quartier, il fait ce qu’il veut, sans compter les insultes proférées contre moi par ses supporters. Je les ai traités d’ignorants et de sauvages. Il ne fait que confirmer les éléments sur lesquels repose le modèle de gouvernance des organisations sociales algériennes: ignorance, arrogance et mépris», fait-il savoir en attestant que ce comportement ne fait que le pousser à boycotter une élection qu’il qualifie de «carnaval». Un ressentiment partagé par Farida, mais pas pour les mêmes raisons. «Revenez après les élections! Cette phrase me fait honte…», dit cette dame prise en otage par une administration qui tourne au ralenti. Le bilan de ces 20 jours de campagne est simple: l’Algérie est en «mode off» depuis le 1er jour. Le pays marche au ralenti sur les plans économique, social… Même la contestation est à l’arrêt! Le mot d’ordre durant cette période, et que vous devez tous connaître, est en effet: «Revenez après le vote, ‘sahel » (facile)». Cette fâcheuse habitude qu’ont les Algériens de se focaliser sur un événement précis et à tout reporter après cet événement, met de ce fait, le pays dans une situation embarrassante! Surtout que beaucoup de médecins et même d’enseignants se sont découvert une vocation politique. Ils sont des milliers a avoir «abandonné» leurs postes respectifs durant plus d’un mois. Ce qui paralyse les services publics. Dans les APC, c’est même devenu une «excuse» toute prête pour ne pas travailler, elle vient remplacer la formule tant redoutée par les citoyens, à savoir celle du: «réseau qui bug»… La campane électorale s’est donc transformée en un véritable enfer pour certains citoyens pris en otage, par des comportements inciviques de candidats qui aspirent à gérer leurs localités…On n’est pas sorti d’affaire!