« Contrairement à ce que s’imaginent certains, le pouvoir algérien ne compte pas lâcher la bride de sitôt dans les dossiers qu’il a lui-même montés en épingle, nous dit un connaisseur de la sphère du pouvoir algérien. Selon notre interlocuteur, l’entourage de Bouteflika a été encouragé dans sa démarche par la passivité citoyenne et internationale, mais aussi par l’effet d’inhibition provoqué chez « les cibles ». Le cercle de Bouteflika a rejeté des propositions de négociation et d’arrangement à l’amiable transmises au nom d’El Watan, d’El Khabar, du général Benhadid et des parents des cadres de KBC incarcérés. L’idée de prononcer une grâce à l’occasion du 5 juillet a été tuée dans l’oeuf. Du reste, le nouveau siège d’El Watan est toujours encerclé par le même dispositif policier. « Il ne s’arrêtera pas là. Les affaires en cours pourraient déboucher sur la fermetures de toutes les chaînes de télévision privées qui ne lui sont pas inféodées, mais aussi la fermeture d’El-Khabar et d’El-Watan, de très graves ennuis judiciaires pour Issad Rebrab entre autres… » Les autorités algériennes sont affolées par l’ampleur de la crise financière qui étrangle le pays. Des mesures de contrôle d’internet et des réseaux sociaux ont été préparées. Certaines voix de l’opposition ont déjà été averties du sort qui les attend dans les toutes prochaines semaines.
Cette stratégie serait déjà en marche, avec un objectif central : baliser la scène politique et sociale, domestiquer toute opposition aux choix des dirigeants du pays, écraser le moindre bourgeon de contestation, tout cela dans la perspective de graves décisions que le régime aurait à prendre cet automne. Ces décisions ne se limiteraient pas aux simples mesures d’austérité, mais toucheraient, plus précisément, des aspects liés à la souveraineté nationale. Il serait question de dénationalisation du pétrole, de retour à l’endettement en contrepartie d’importantes concessions politiques et économiques, entre autres, de la promotion de Chakib Khelil à un poste qui en ferait le maître d’oeuvre de cette besogne et qui le mettrait en orbite dans la perspective d’éventuelles élections présidentielles.
L’administration judiciaire travaille à monter des scénarios contre les cibles désignées. Les ministres Hamid Grine et Tayeb Louh ont été instruits dans ce sens. Les choses devraient s’accélerer après le mois du Ramadhan. A ce propos, notre source annonce que le président de la République ne devrait toujours pas prendre part à la prière de l’aïd el fitr.