Affaire Tibéhirine : Taubira presse Alger de donner une « réponse »

Affaire Tibéhirine : Taubira presse Alger de donner une « réponse »

jpg_Moines_de_Tibhirine.jpgL’affaire des moines de Tibéhirine s’est invitée au menu de la visite qu’effectue à Alger la ministre française de la Justice Christiane Taubira. Cette dernière a estimé, lundi, « urgent » lundi à Alger que les familles des sept moines français enlevés puis tués en 1996 en Algérie connaissent la vérité sur la mort de leurs proches.

S’exprimant au cours d’un point de presse conjoint avec son homologue algérien Tayeb Louh, Mme Taubira a déclaré qu’ »il est temps que nous arrivions » au terme de cette affaire.

« Pour les familles des victimes, il devient urgent d’avoir une réponse, de savoir très précisément ce qui s’est passé. Nous en avons le souci de part et d’autre », a ajouté la ministre.

« Il y a quelques actes d’expertises encore à accomplir et nous disposerons des matériaux nécessaires pour le faire », a lancé Mme Taubira sans préciser s’il s’agissait des prélèvements que des experts français voulaient ramener en France pour les analyser.

Pour rappel, en octobre 2014, deux magistrat français, Marc Trévidic et Nathalie Poux, s’étaient rendus en Algérie où ils avaient assisté à l’exhumation des crânes des religieux, enterrés sur le site du monastère de Tibéhirine (50 km au sud-ouest d’Alger).

L’Algérie a cependant refusé que le juge Trévidic qui était en charge de l’affaire rentre en France avec les prélèvements réalisés sur les dépouilles. L’avocat des familles des moines, Patrick Baudoin, avait alors dénoncé une « confiscation des preuves » par l’Algérie.

Les moines Christian de Cherge, Luc Dochier, Paul Favre Miville, Michel Fleury, Christophe Lebreton, Bruno Lemarchand et Célestin Ringeard avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère où ils avaient choisi de demeurer malgré les risques liés à la guerre civile ravageant le pays.

Les enquêteurs français cherchent à identifier les responsables de leur mort: le GIA qui a revendiqué leur enlèvement puis leur exécution, l’armée algérienne lors d’une bavure en se lançant à leur recherche ou les services secrets algériens dans une opération de manipulation destinée à discréditer les islamistes? En Algérie, la piste du GIA ne semble pas faire de doute.

« Pendant ces 10 années, vous avez eu le sentiment d’être seuls, d’être abandonnés (…) Il revient aujourd’hui de poser des paroles sur ces blessures qui sont profondes et nous savons parfois que les cicatrices saignent plus encore que les plaies », a encore déclaré Mme Taubira.