Affaire Tahkout : nouveau scandale au port de Mostaganem 

Affaire Tahkout : nouveau scandale au port de Mostaganem 

Le dossier de l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout continue de faire tomber des noms qui comptent certains de ses proches, mais aussi des anciens hauts responsables, et ce, pour leur implication dans des affaires de corruption. En marge de l’enquête sur Tahkout, le Groupe public de services portuaires d’Algérie, Serport, a décidé la suspension provisoire du Directeur du port de Mostaganem et de plusieurs autres administrateurs de la même institution portuaire, et leur envoi à l’enquête pour statuer sur certains des supposés abus qui leur sont imputés.

Selon les informations rapportées par le média arabophone « Echourouk Online », cette décision intervient à l’issue d’une réunion tenue lundi dernier au niveau du siège du port de Mostaganem et à laquelle ont assisté les membres du conseil d’administration du Groupe Serport ainsi que les délégués des directions centrales affiliées au Ministère des Transports. Ainsi, il a été décidé de relever le Directeur du port de Mostaganem et d’autres administrateurs de leurs fonctions, et ce, dans le cadre de l’enquête sur le dossier de l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout.

En effet, les investigations menées dans le cadre de l’affaire Tahkout ont révélé que certains fonctionnaires responsables du port sont soupçonnés pour leur implication dans la sortie de pas moins de 1272 véhicules saisis au niveau du port de Mostaganem. Ces véhicules, portant la marque Hyundai, étaient chargés à bord de 318 conteneurs de 40 pieds, chaque conteneur comportait 4 véhicules, importés de Corée à bord du navire « JSP SKIMER » le 31 juillet 2018.

La marchandise saisie, appartenant à l’homme d’affaires emprisonné Tahkout, était sous garde judiciaire, cependant, elle a été sortie de manière suspecte du port de Mostaganem par le biais des intermédiaires de Tahkout avec la complicité des responsables de la même institution. La même source a souligné que ce nouveau scandale de corruption a été orchestré quelques jours après la prononciation du verdict final à l’encontre de l’homme d’affaires, le condamnant, en appel, à 14 ans de prison ferme assortie de la saisie de tous ses biens mobiliers et immobiliers.

Une affaire explosée par un ancien Directeur du port

Toujours selon les informations rapportées par le même média, cette affaire a vu le jour grâce à l’ancien Directeur de l’exploitation du commerce du port de Mostaganem. Ce dernier avait été démis de ses fonctions pour avoir soulevé la question et signalé une affaire de corruption en mai 2021. Il avait également communiqué des renseignements concernant la sortie suspecte de 1272 véhicules saisis, notant qu’il avait refusé par le passé d’autoriser cette opération, parce que la loi n’autorise par la sortie des marchandises saisies. De plus, la société de Tahkout n’avait pas payé ses droits de port qui s’élevaient à pas moins de 13 milliards de centimes.

Il convient de noter que les droits de port sont des redevances affectées aux autorités portuaires, qui, en contrepartie, mettent à disposition leurs installations aux redevables et assurent le stockage et la surveillance des marchandises. Pour revenir au cas de Tahkout, le déchargement des conteneurs est facturé 9000 dinars algériens par conteneur, la procédure de transfert des conteneurs est soumise au même tarif.

Outre les coûts de déchargement et de transfert, la durée de stockage des conteneurs au niveau du port est également facturée, de plus, l’autorité portuaire impose une nouvelle taxe de 2000 dinars algériens à titre de redevance, versée quotidiennement pour chaque conteneur en retard à la sortie, et ce 40 jour après son arrivée au port. Tous ces frais additionnés ont fait monter la facture totale de Tahkout à 13 milliards de centimes.

La justice saisit le « trésor caché » de Tahkout

Dans ce même sillage, rappelons que les services de la sécurité nationale avaient procédé à la saisie des biens cachés de l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout en mars dernier et dont la valeur avoisinait les 1000 milliards de centimes. Les biens en question avaient été découverts au niveau de garages et d’entrepôts dans la capitale, situés dans les communes de Reghaia, Ouled Fayet, Dar El Beida et Staoueli et un autre dans la wilaya de Béchar.

Le communiqué de la DGSN avait fait état de la saisie de 507 véhicules, dont 267 voitures de tourisme de luxe, en plus de 84 camions de différentes marques, de scooters de mer « Jet sky » et des bateaux d’excursion, des motos de luxe et plus de 800 grandes boîtes contenant des pièces automobiles et 30 conteneurs contenant 63 nouveaux moteurs d’autobus.

Soulignons aussi que l’affaire Tahkout implique certains de ses proches, dont son neveu Ibrahim et de son cousin Jalal, mis en détention provisoire en mars dernier, mais aussi Hamid Tahkout, qui est en détention, ainsi que le gestionnaire des investissements de la Tahkout Manufacturing Company dite « TMC », sous contrôle judiciaire pour recel et disposition de biens saisis par la justice, et obstruction aux enquêtes en cours dans des actes criminels conformément à la loi.