Une vue du tribunal d’Alger
Contacté, hier pas nos soins, M.Attar, tout en confirmant être «à la disposition de la justice», affirme: «Je ne suis pas inculpé, du moins, on ne me l’a pas signifié.»
La machine judiciaire se met en branle. Le tribunal de Sidi M’hamed est passé à l’action après plusieurs mois d’investigations. Dans le cadre de l’affaire Sonatrach II, le tribunal a procédé à l’incarcération de l’ancien vice-président de Sonatrach, Chawki Rahal. Ce responsable, qui était sous contrôle judiciaire dans le cadre de l’affaire Sonatrach I, a été inculpé puis placé sous mandat de dépôt. La patronne du bureau d’études privé CAD, Nouria Meliani-Mihoubi, auquel a été attribué le marché de la rénovation du siège de Sonatrach à Ghermoul, a été également placée sous mandat de dépôt. L’ancien P-DG de Sonatrach Abdelmadjid Attar, lui aussi, a été inculpé par le juge d’instruction. Ce dernier a été placé sous contrôle judiciaire dimanche dernier. Contacté, hier pas nos soins, M. Attar, tout en confirmant être «à la disposition de la justice», apporte une précisions de taille: «je ne suis pas inculpé, du moins, on ne me l’a pas signifié». Ces mesures ont été prises suite aux informations contenues dans les réponses des commissions rogatoires délivrées par le juge du pôle pénal spécialisé près la cour d’Alger, aux tribunaux suisses, britanniques, émiratis et français, mais aussi dans le cadre de la coopération judiciaire entre la justice italienne et algérienne.
Selon des sources, de hauts responsables, toujours en poste, risquent d’être traînés devant la justice. Les commissions rogatoires risquent d’apporter des révélations fracassantes. Le feuilleton ne vient que de commencer. L’affaire Sonatrach est loin d’être une simple mission pour la justice. L’institution judiciaire va-t-elle aller loin dans ses investigations? Autrement dit, Chakib Khelil et Bedjaoui seront-ils convoqués par la justice? Les Algériens s’interrogent sans cesse. Ils attendent avec impatience de voir la justice lancer des procédures contre l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil qui est au coeur du scandale. Certes, la justice vient de faire un grand pas en prenant des mesures judiciaires à l’encontre de cadres, il n’en demeure pas moins que le gros travail reste à venir.
La justice doit faire preuve de bonne foi et démontrer sa compétence à l’opinion publique, d’autant plus que le chef de l’Etat lui a donné le feu vert pour sanctionner les corrompus. «S’agissant des tentatives d’enrichissement illicite et au préjudice des deniers publics et des droits de la communauté nationale, la loi s’appliquera dans toute sa rigueur, car l’Etat est déterminé à imposer le sérieux et l’intégrité dans le travail et n’hésitera pas à demander des comptes à toute personne coupable aux yeux de la loi, tout en veillant à recouvrer les droits spoliés», a-t-il promis. Dans un message adressé aux Algériens à l’occasion de la fête de la Victoire, le chef de l’Etat a réitéré sa confiance en la justice. «Elle (la justice Ndlr) jouit aujourd’hui de la compétence qui la conforte dans son action», a-t-il assuré.
Peu importe la fonction ou le titre, l’institution judiciaire est appelée à sévir. L’enquête ouverte par le parquet d’Alger doit faire toute la lumière sur la grande escroquerie du siècle.