La société italienne Saipem, épinglée dans des affaires de pots-de-vin en Algérie a annoncé, mercredi dernier, qu’une enquête interne a abouti à la conclusion qu’il n’y avait aucune preuve de paiements illégaux versés à des officiels algériens, bien que l’on ait découvert des violations au niveau des procédures internes de Saipem, rapporte le Wall Street Journal.
Selon Saipem, l’enquête interne a été menée par des consultants externes. Aucune trace de paiements illégaux aux officiels algériens n’a été trouvée.
Pour redorer son blason terni, Saipem, qui a perdu presque la moitié de sa capitalisation boursière depuis le début de l’année, notamment suite à l’affaire de corruption avec Sonatrach, a annoncé que son conseil d’administration avait décidé de poursuivre légalement certains ex-employés et fournisseurs, en vue de protéger les intérêts de Saipem.
Saipem a déclaré qu’elle transmettra aux procureurs milanais les résultats de l’investigation interne. Quant aux résultats de son enquête interne, ils seront transmis aux procureurs milanais chargés de l’affaire.
Au lendemain des révélations des résultats de cette enquête interne, le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a rencontré le président du groupe énergétique italien ENI, Paolo Scaroni, à Alger.
Selon un communiqué du ministère évoquant une visite de courtoisie de Scaroni à Yousfi, les deux responsables ont examiné «l’état des relations liant le groupe à la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach et les perspectives de leur développement».
Mais le communiqué ne donne aucune indication sur l’état de ces relations. «Le président du groupe italien a abordé également, au cours de cette rencontre, la situation du marché international des hydrocarbures », ajoute la même source, sans aucun autre détail.
EXISTE-T-IL UN LIEN ENTRE LES DEUX ÉVÉNEMENTS?
En tout état de cause, si les consultants externes à Saipem n’ont découvert aucune trace de paiements illégaux aux officiels algériens, il semble que cela n’est pas le cas des magistrats italiens.
Ces derniers auraient découvert, le mois d’avril dernier, des e-mails compromettants échangés entre des responsables de Sonatrach et ceux de Saipem, soupçonnés d’avoir versé des pots-de-vin à des intermédiaires algériens, pour obtenir des contrats en Algérie.
Selon des sources judiciaires, des responsables de la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach et un proche de l’ex-ministre de l’Énergie et des Mines, Chakib Khelil, négociaient leurs commissions par e-mails avec des dirigeants de Saïpem.
Selon des rapports publiés par la presse italienne, canadienne et algérienne, Chakib Khelil, qui n’est inquiété pour le moment par aucune police ni aucun tribunal, et Farid Bedjaoui, ont joué des rôles-clés dans l’octroi des marchés de Sonatrach aux entreprises italienne Saipem et canadienne SNC Lavalin, en contrepartie de commissions versées par les responsables de ces entreprises.
Les commissions s’élèvent à des dizaines de millions de dollars. SNC Lavalin a observé un silence radio sur la suite réservée à l’enquête ouverte par le parquet d’Alger qui avait lancé des commissions rogatoires internationales.
Ce qui est sûr est que, selon une déclaration du ministre de la Justice, Mohamed Charfi, faite le 2 juillet 2013, «l’enquête sur Sonatrach avait révélé un véritable réseau de corruption internationale dont les tentacules s’étendent à tous les continents». Un véritable réseau de pillage des richesses des Algériens.
Mahmoud Tadjer