Bien que son nom soit cité avec récurrence dans l’affaire dite Sonatrach II, Chakib Khelil ne semble nullement inquiété outre mesure par le poids des accusations qui pourraient peser sur lui. Eclaboussé pourtant par de graves affaires de corruption durant les nombreuses années qu’il a passées à la tête du ministère de l’Energie et des mines, ce personnage politique fait montre d’une grande sérénité, en dépit des dispositions prises par les hautes autorités du pays, le chef de l’Etat à leur tête, de sévir contre toutes les personnes impliquées dans des affaires de corruption de quelque rang soient-elles. Hormis une information sur la perquisition de ses domiciles à Alger et Oran, synonyme, logiquement de l’amorce d’une enquête judiciaire sur son éventuelle implication dans l’affaire Sonatrach II, rien n’a filtré sur l’instruction de l’affaire par la Cour d’Alger.
Les garde-fous imposée par l’administration et l’instance judiciaire de se garder de citer les noms des ministres et hauts responsables cités dans ces affaires de pots-de-vin, et ce, jusqu’à leur inculpation, ont laissé libre cours aux rumeurs et autres allégations à ce sujet. Un manque de communication qui a engendré des spéculations et autres diatribes dans la presse nationale, faisant de l’ex-ministre de l’Energie et des mines l’acteur principal, en plus de Farid Bedjaoui, neveu de l’ex-ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui. A la différence de ce dernier, qui avait vivement réagi à la simple évocation de son lien de parenté par la presse avec son neveu accablé dans cette affaire, Chakib Khelil s’est confiné dans un silence de cathédrale. Sachant pertinemment que toute déclaration, de sa part, répercutée par les médias, ne fera qu’empirer les soupçons à son égard, l’ex-puissant ministre de l’Energie a opté pour un mutisme, mais au prix d’une avalanche de supputations et d’allégations. Ainsi, les rumeurs vont bon train à propos de ses allers-retours entre Alger et Paris, et ses probables auditions par l’instance judiciaire ou encore par les services de sécurité compétents. Evidemment, la discrétion est des plus entières dans ce sens. Pour le moment, rien de concret ne semble peser comme accusation sur Chakib Khelil, et tout porte à croire que les investigations et autres commissions rogatoires effectuées dans le cadre de l’instruction de l’affaire Sonatrach II, ne mèneraient pas à l’inculpation de ce personnage. La question qui taraude, à présent, l’ensemble des observateurs des développements de la scène nationale, et les citoyens algériens bien entendu, compte tenu de l’ampleur prise par ces affaires scabreuses et leurs répercussions sur le vécu des Algériens, est de savoir si Chakib Khelil s’en sortirait indemne du prochain procès dans le cadre de cette affaire. Sera-t-elle un remake de l’affaire Sonatrach I d’il y a trois ans ? L’on se rappelle effectivement, lors de l’éclatement des premières affaires de corruption au sein de la compagnie nationale des hydrocarbures, dont le procès avait balayé de « grosses têtes » à l’image de Mohamed Méziane, ex-P-DG de Sonatrach et autres hauts cadres de la société. Chakib Khelil, alors premier responsable du secteur s’en était sorti les mains propres, et, mieux, il avait même défendu bec et ongles les cadres inculpés. S’en sortira-t-il cette fois-ci ?
Par M. Ait Chabane