Affaire «Sonatrach 2», La justice italienne veut enquêter en Algérie

Affaire «Sonatrach 2», La justice italienne veut enquêter en Algérie

2014-bejaoui_216545521.jpgRebondissement dans l’affaire Sonatrach 2 : le parquet de Milan vient de lancer plusieurs commissions rogatoires, dont une en Algérie, pour retracer l’origine et la destination de tous les pots-de-vin versés par la filiale du géant pétrolier italien «ENI, SAIPEM» à des responsables du groupe pétrolier algérien et ses intermédiaires, dont Farid Bedjaoui.

En fait, cette affaire de corruption qui a défrayé la chronique judiciaire, à Milan, et jeté un froid dans les milieux pétroliers italiens, avec un décrochage des actions de SAIPEM et ENI, à la bourse de Milan, a été relancée, après la découverte d’un scandale financier similaire au Nigeria, où SAIPEM, à travers son nouvel administrateur, aurait versé des pots-de-vin pour l’acquisition d’un champ pétrolier.

Pleinement impliqué dans ce scandale financier, l’ancien ministre nigérian du Pétrole Dan Etete a fait des révélations, selon le quotidien «La Repubblica », qui ont amené le procureur du parquet de Milan, chargé de l’affaire «Sonatrach 2» de relancer les investigations, dans ce dossier de corruption, dans lequel est, également, cité l’ancien ministre de l’Energie Chakib Khelil.

Selon plusieurs titres de la presse italienne, le procureur, en charge de ce dossier, Fabio De Pasquale, qui a, dans la foulée, lancé une information contre l’actuel administrateur de SAIPEM, Claudio Descalzi, qui a remplacé l’ancien patron d’ENI Paolo Scaroni, pour corruption active dans le dossier nigérian, veut, aujourd’hui, faire le point sur l’origine des commissions et pots-devin et les directions prises par un énorme flux d’argent. ENI et sa filiale SAIPEM, sont, là-dessus, pleinement impliquées, puisque après le scandale de corruption, en Algérie, avec l’affaire ‘Sonatrach 2’, il y a, aujourd’hui, l’affaire de corruption au Nigeria, et dans laquelle est impliquée, côté nigerian, l’ancien ministre du Pétrole Dan Etete, et côté italien, l’actuel administrateur d’ENI, Claudio Descalzi.

Dès lors, le bureau du procureur de Milan, en charge de l’affaire SAIPEM (pour l’Algérie affaire «Sonatrach 2») a lancé plusieurs commissions rogatoires pour démêler l’écheveau, d’un vaste réseau d’intermédiaires, dans le plus important scandale financier de ces 10 dernières années, en Italie. Les commissions rogatoires du procureur milanais ont été lancées, en Algérie, en Suisse, au Luxembourg, à Abu Dhabi, en France, à Hong Kong, Singapour, ainsi qu’au Liban. L’enquête porte, principalement, sur les mouvements d’argent versés par SAIPEM à la société écran de Farid Bedjaoui, domiciliée à Hong Kong, la «Pearl Partners».

Outre les Algériens Farid Bedjaoui, Chakib Khelil, des membres de sa famille et des responsables de Sonatrach, le bureau du procureur de Milan enquête, également, en plus de Paolo Scaroni, ex-n°1 de Saipem, pour corruption sur l’ancien PDG de Saipem Franco Tali, l’ex chef d’exploitation Peter Varone (arrêté à l’été 2013), le directeur financier Alessandro Bernini, qui était directeur général de la filiale algérienne de SAIPEM.

L’hypothèse du procureur, en charge de cette affaire, est qu’une partie des 200 millions de pots-de-vin, versés par Saipem, à Chakib Khelil, via la société écran de Farid Bédjaoui et les responsables de SAIPEM, impliqués dans cette affaire est, ensuite, retournée en Italie, où elle a été blanchie dans des investissements immobiliers, notamment, dans l’acquisition de parts de la société «Cortina Immobilière Ltd» par Paolo Scaroni qui y aurait placé 11 millions d’euros, provenant des commissions des pots-de-vin versés pour l’acquisition de contrats pétroliers, en Algérie. Une autre partie de cet argent aurait été, par ailleurs, placée dans des paradis fiscaux, en particulier à Guernesey, un paradis fiscal britannique.

L’affaire dite «Sonatrach 2» concerne, directement, l’ex-ministre de l’Energie, Chakib Khelil, qui aurait perçu des pots-devin, à travers le «facilitateur», Farid Bedjaoui, de Saipem, pour l’octroi d’un contrat de 11 milliards de dollars, pour des projets pétroliers, en Algérie.

La commission occulte de 2 contrats, à savoir : les travaux du projet «Medgaz » (aujourd’hui en sourdine) et du projet Mle (Menzel Ledjmet Est), en association avec Sonatrach, les 2 entreprises italiennes auront versé à une société de Hong Kong, la «Pearl Partners Limited», 197 millions d’euros que les protagonistes de cette affaire se sont, ensuite partagée, y compris le «top» management d’ENI et SAIPEM, dont Paolo Scaroni.

Yazid Alilat