Le pôle pénal économique et financier du tribunal d’Alger a vécu, ce dimanche, une audience particulièrement dense autour du dossier de gestion du groupe Imetal et du complexe sidérurgique Sider.
Au banc des accusés, une série de cadres et responsables poursuivis pour abus de fonction, dilapidation de deniers publics, attribution illégale de marchés et fausses déclarations.
Mais c’est surtout le passage du directeur général du groupe Sider qui a retenu l’attention, ce dernier affirmant qu’il « ne connaît pas les raisons de son incarcération ».
Hôtels de luxe, voyages et enveloppes : une « gestion parallèle » pointée du doigt dans l’affaire Sider – Imetal
Selon le média Echourouk, dès l’ouverture, le juge expose une série de dérapages mis au jour par l’expertise judiciaire :
- Dépenses jugées « excessives » en voyages, prestations hôtelières et repas,
- Distribution d’enveloppes d’argent aux sous-directeurs,
- Prolifération de commissions internes, dont certaines n’auraient aucune justification réelle.
Le représentant de la Wilaya, cité pour expliquer une opération liée au pôle urbain d’El Hadaïek, manquait à l’audience. Le greffe a confirmé que la convocation lui avait bien été remise.
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En outre, interrogé par le juge, le DG de Sider nie avoir accueilli un représentant de la wilaya ou un élu local dans les locaux du groupe. Sur la gestion interne, il affirme : « Le groupe Imetal dispose d’un règlement intérieur avec près de 40 primes, dont une trentaine avaient été supprimées lors de la fusion du groupe Sider avec Imetal. »
Une voiture offerte et un logement « symbolique » : des décisions assumées
Le magistrat revient sur un point précis, une voiture offerte à un employé. Le responsable assume : « Je lui ai acheté une voiture car il fournissait des efforts exceptionnels. Sa visite médicale prouvait qu’il en avait besoin. »
Autre acte contesté, l’attribution d’un logement évalué à 2,3 milliards de centimes, mais cédé pour 7 millions seulement. Sur ce volet, l’accusé confirme avoir accéléré l’opération, tout en renvoyant vers un sous-directeur pour les détails techniques.
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25 à 30 mois de détention… sans explication ?
Lorsque le juge lui demande comment il justifie les irrégularités financières relevées par l’expert judiciaire, le dirigeant se dit lui-même surpris : « Je n’ai jamais travaillé contre les intérêts du groupe. Toutes ces dépenses se font dans tous les groupes. Je ne connais pas exactement les accusations. J’ai passé entre 25 et 30 mois en détention, sans connaître les raisons de mon incarcération. »
Marchés publics : factures, bons de commande et délégation de signature
Par ailleurs, le tribunal s’est également penché sur l’attribution de marchés. Le juge souligne des montants « dépensés sans factures ». L’accusé réplique : « Il y a toujours des factures. Un budget commande ne peut être utilisé sans documents. »
Il explique que le sous-directeur signait les bons de commande, ce que celui-ci confirme depuis le box. Plusieurs cadres précisent que le groupe, et non eux à titre personnel, effectuait les dépenses contestées.
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Enfin, l’audience a été suspendue après les auditions de plusieurs accusés, et doit reprendre avec l’examen des pièces comptables et les plaidoiries. Le dossier, vaste et technique, reste au cœur de l’attention en raison de ses implications financières et de la gestion interne du complexe Sider, pilier de l’industrie sidérurgique nationale.
