M. Nadir

Le magistrat a, par ailleurs, estimé que, par leur appel à la grève en solidarité avec leur confrère – appel qu’il a dit comprendre – les avocats tentent de faire pression sur la justice et entraver son indépendance.
Cette rare sortie d’un procureur, magistrat représentant du ministère public, a presque éclipsé l’interpellation de Me Salah Dabouz, qui a soulevé un tollé d’indignation dans la corporation des avocats. De même qu’elle a ravi la vedette au boycott des activités judiciaires auquel l’Union nationale des ordres des avocats avait appelé en réaction à l’arrestation : « c’est une arrestation arbitraire qui porte une grave atteinte aux droits de la défense et aux droits de l’Homme», ont ainsi affirmé les robes noires d’Oran en substance, au cours du sit-in hebdomadaire qu’ils ont tenu sur le perron du palais de justice. Tous ont estimé que ce qui était reproché à leur confrère ne méritait pas un mandat d’arrêt et un transfert : « une simple convocation aurait suffi pour qu’il se rende à Ghardaïa (…) Nous voulons instaurer un Etat de droit qui mettrait fin à ce genre de pratiques et à la justice rendue par téléphone», ont-ils, par ailleurs, plaidé, certains établissant un rapport direct entre cette interpellation et l’engagement de Salah Dabouz dans la révolte qui secoue l’Algérie depuis près de deux mois.
Pour rappel, Salah Dabouz avait été interpellé dimanche devant son cabinet à Alger et transféré à Ghardaïa où un mandat d’arrêt avait été délivré contre lui par le procureur général. Présenté devant le juge le lendemain matin, il a finalement été placé sous contrôle judiciaire et remis en liberté.
Pour le moment, le ministère de la Justice ne semble pas avoir réagi à la protestation véhémente du magistrat de Ghardaïa.