Il y a 20 ans, le 4 avril 1993, l’hebdomadaire italien l’Espresso publiait les révélations du président de l’ENI de l’époque à un juge italien de l’opération «Mains propres» où il était question de pots-de-vin versés à des intermédiaires pour «faciliter» la conclusion des négociations sur l’achat de gaz algérien et le doublement du gazoduc qui relie les deux pays.
Quelques jours plus tard, le gouvernement algérien annonçait l’ouverture d’une enquête, demandait à son ministre des Affaires étrangères «d’entrer en contact avec les autorités italiennes » pour mieux s’informer du dossier. Il donna également instruction au ministre de l’Energie pour que Sonatrach «se constitue partie civile auprès des juridictions italiennes dans le cadre de cette affaire ». On annonça aussi par voie officielle, que le parquet d’Alger se saisissait du problème. Le 2 mai 1993, le ministre algérien de la Justice, dans un entretien au quotidien gouvernemental El Moudjahid, déclarait : «Nous sommes en train de recueillir les informations pour arriver à la vérité… pour le moment, nous sommes au premier stade» ! Comme bien d’autres grandes affaires de corruption, cette enquête du côté algérien est restée lettre morte, et les demandes de coopération judiciaire du parquet de Milan ne reçurent aucune réponse de la justice algérienne. Déjà dans ce premier scandale, il y a 20 ans, la Saipem (chargée du doublement du gazoduc entre l’Algérie et l’Italie) plaça l’argent des pots-de-vin sur des comptes de sociétés-écrans installées dans des paradis fiscaux, comme le Lieschtenstein.
D. H.