Affaire Ould Kaddour : retour sur les coulisses de son extradition

Affaire Ould Kaddour : retour sur les coulisses de son extradition

En fin de journée d’hier mercredi 4 août 2021, les autorités émiraties ont remis l’ancien PDG de Sonatrach Abdelmoumen Ould Kadour à la justice algérienne. Il devra être jugé dans deux dossiers de corruption de l’époque où il avait été à la tête de la compagnie nationale des hydrocarbures.

Selon des sources proches du dossier citées par nos confrères d’El Watan, le prévenu a été convoqué par le procureur émirati le lundi 2 août pour l’informer de son extradition, alors que la décision avait été prise quelques jours avant, soit le 28 juillet dernier.

Une fois informé de la décision, Ould Kaddour a été maintenu en garde à vue par les autorités émiraties jusqu’à hier. Une délégation algérienne s’est déplacée durant la même journée à bord d’un avion spécial afin de le rapatrier sur le sol algérien.

La délégation est composée d’officiers de la police judiciaire et de représentants du ministère de la Justice et des Affaires étrangères. L’avion a atterri vers la fin de l’après-midi d’hier mercredi à l’aéroport d’Alger.

Une convention d’entraide signée en 2007 entre l’Algérie et les Émirats

Alors qu’il faisait objet d’un mandat d’arrêt international lancé par la justice algérienne, l’ancien PDG de la Sonatrach avait été arrêté le 20 mars 2021 à l’aéroport de Dubaï. Placé en garde à vue au niveau de cette structure pendant 48 heures, son fils lui a constitué un collectif d’avocats. Suite de quoi, le prévenu avait obtenu une libération sous caution.

Cette mesure avait été assortie de la confiscation de son passeport et d’une interdiction de quitter le territoire. Suite de quoi, les Émirats ont accordé un délai de 30 jours renouvelables à l’Algérie afin de plaider son extradition. Cette mesure intervient dans le cadre de la convention d’entraide judiciaire signée entre les deux pays en 2007.

Si toutes les procédures judiciaires lancées par l’Algérie étaient bien ficelées pour l’extradition d’Ould Kaddour, le volet politique a énormément pesé sur cela, du fait de son statut de conseiller auprès de monarchies qatari et omanais. Le contexte sanitaire et la fermeture des frontières ont également retardé l’extradition.

Des juristes critiquent la diffusion des images de son extradition

À son arrivée à Alger, le fugitif a été reçu par les caméras de la télévision nationale. Les images de son arrivée à l’aéroport ont été largement relayées par les médias. Plusieurs voix, parmi des avocats, des juristes et organisations de droits de l’Homme, ont dénoncé « une exhibition » contraire à la loi et aux conditions d’un procès équitable, mettant en avant « le principe de présomption d’innocence jusqu’à preuve du contraire ».

Pour la ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, il s’agit « d’une exhibition contraire aux conditions du jugement équitable qui doivent, pourtant être, respectées dans tous les cas et pour tous les mis en causes, même pour les criminels et les membres de la ‘Ïssaba’ ».

Il convient de rappeler qu’Ould Kaddour est poursuivi dans le cadre de deux affaires de corruption liées à son passage à la tête de la société nationale des hydrocarbures. La première concerne le scandale du rachat en 2018, par Sonatrach, de la raffinerie Augusta, en Italie, auprès du groupe ExxonMobil.

La transaction, jugée trop excessive pour une raffinerie vétuste et âgée de 70 ans, a été effectuée à hauteur de plus de 720 millions de dollars. Pis encore, l’achat de cette raffinerie a poussé Sonatrach à s’endetter de 250 millions de dollars, dont 100 millions uniquement pour la maintenir en état de marche.

S’agissant de la seconde affaire, elle concerne de nombreux marchés de gré à gré octroyés dans des conditions « suspicieuses » à la joint-venture entre le groupe Sonatrach et une des filiales de Haliburton, BRC (Brown and Rooth Condor).