Une source du FLN a révélé que ce parti “a déterré” le dossier de la fraude d’il y a vingt ans “sciemment, pour rendre au RND la monnaie de sa pièce”.
Les deux formations du pouvoir se livrent une guerre sourde depuis quelques jours. Le FLN, comme son alter ego, le RND, sont au cœur d’une campagne médiatique féroce, qui met à nu leurs pratiques. Au FLN, c’est au RND qu’on impute l’éclatement du scandale de la vente et de l’achat de places sur les listes de candidats aux législatives, dans lequel serait impliqué le fils aîné d’Ould Abbes. Une source de ce parti affirme qu’en guise de réaction, le FLN a déterré le hold-up électoral de 1997 qui avait intronisé le RND comme première force politique du pays trois mois après sa création.
Ainsi, concernant le FLN, le débat est orienté vers ce marchandage de listes. L’exclusion de Salima Othmani, députée et responsable au sein de l’ex-parti unique, serait, dans ce cas de figure, une réplique à un état de fait imposé par une médiatisation offensive alors que ces pratiques sont légion à chaque rendez-vous électoral, mais sans pour autant attirer les foudres des médias. Le retour sur le déroulement et l’issue des élections législatives de 1997 truquées au profit du RND cache mal une intention délibérée de nuire, à coups de rappels, au parti d’Ahmed Ouyahia. Ces divulgations à répétition contre ces deux formations peuvent être perçues, le cas échéant, comme une manière de mettre en garde contre toute manipulation du choix des électeurs.
Mais en réalité, elle n’est autre qu’une machination émanant des deux formations du pouvoir dont chacune s’emploie à discréditer et à affaiblir l’autre. Selon une source au sein du FLN qui a requis l’anonymat, “la surmédiatisation” dont fait l’objet l’affaire du fils aîné d’Ould Abbes et celle de Salima Othmani “est l’œuvre du RND”. Notre source a souligné que cette opération de divulgation a été soigneusement “calculée par la direction du RND” dont le but est d’“affaiblir le parti majoritaire à l’approche des élections législatives”. “Nous savons tous au FLN que nos adversaires sont nombreux, mais on ne s’attendait pas à ces manœuvres de la part d’un parti né d’un vol caractérisé”, s’est-elle emportée, ajoutant que “le RND est né d’un détournement de la volonté populaire et vivra avec cette hantise”. Notre interlocuteur explique que le RND s’est appuyé “sur les services d’un haut cadre de l’État” pour rendre “possible cette médiatisation”.
Si notre source ne s’oppose pas “au travail des services de sécurité, tous corps confondus”, qu’elle appelle, par ailleurs, “à veiller sur le respect de la loi et la lutte contre les violations des lois”, elle considère qu’un haut commis de l’État “s’est joint à cette manœuvre dans l’espoir de faire tomber Ould Abbes”, lequel, assure notre source, “jouit de la confiance du chef de l’État”. Mais notre source ne s’est pas arrêtée là. Elle a révélé qu’en guise de réplique, “le FLN a déterré les manigances de cette formation”.
Plus explicite, elle a avoué que le retour sur un événement vieux de vingt ans (les élections législatives de 1997) “est fait sciemment pour rendre au RND la monnaie de sa pièce”. “Il est hors de question pour le FLN de se laisser traîner dans la boue de cette manière. Les affaires de ces deux personnes sont des actes isolés”, mais “une fraude massive au profit d’un parti qui vient juste de naître n’est pas du tout une affaire simple”. Notre source a cité les deux interventions de Mokdad Sifi, ancien chef de gouvernement, et de l’ex-wali d’Oran, Bachir Frik, qui viennent, justement, “confirmer l’ampleur de la fraude de 1997”, mais a refusé de répondre à une question sur le rapport d’enquête parlementaire sur les élections de juin 1997, qui reste, à ce jour “introuvable”, alors que la commission a été dirigée par un député FLN de Biskra.