L’expert financier et comptable n’a pu évaluer la perte financière causée à l’entreprise Naftal. Il a remis en cause la gestion “traditionnelle et manuelle” adoptée dans l’accomplissement de certaines tâches.
Lourdes sont les peines requises par le procureur de la République près du pôle judiciaire spécialisé du tribunal de Sidi-M’hamed à l’encontre des 26 accusés dans l’affaire de contrebande de carburant qui a éclaboussé l’entreprise Naftal.
Le procès, qui s’est ouvert mercredi, ne s’est terminé que vers 3h du matin par un dur réquisitoire que le procureur a achevé en réclamant des peines de 5 à 10 ans de prison ferme. Les accusés resteront sur les nerfs jusqu’au 6 novembre prochain pour connaître le verdict du tribunal. Ils pourront évidemment faire appel pour tenter de réduire les condamnations qui seront prononcées. Mais toujours est-il que le réquisitoire confirme, si besoin est, la gravité de l’acte commis par des chauffeurs, responsables et agents de sécurité, ainsi que des remplisseurs indélicats qui, pour se faire un peu plus d’argent, n’ont pas trouvé mieux que de “vider” les réservoirs de la station Naftal du Caroubier et d’inonder le marché noir.
Le pot au rose a été découvert quelques mois après la première opération. Les investigations ont permis d’arrêter la tête pensante, qui n’est autre qu’un ex-employé à Naftal et tous ses acolytes. “Détournement de deniers publics, falsification de documents commerciaux, abus de fonction et constitution d’association de malfaiteurs dans le but de commettre des crimes” sont les principaux chefs d’accusation retenus contre les 26 degrés.
Chaque accusé avait une mission bien précise selon le poste qu’il occupait au sein de l’entreprise. Il devait, bien sûr, remplir son rôle convenablement pour ne pas éveiller les soupçons. Mais s’il est facile de falsifier des factures et autres documents administratifs, il est quasiment impossible de rendre invisible un camion-citerne transportant 2 700 litres de carburant quittant en pleine nuit la station du Caroubier.
Questions : que cache cette mission nocturne ? Quelle est la destination des camions-citernes ? Les investigations ont levé le voile sur une affaire de vol et de détournement de grandes quantités de carburant revendues à deux stations privées (à Ouled Fayet et aux Annassers) dont les propriétaires ont été également arrêtés. Selon les révélations de l’ex-chef de sécurité, “tout à commencé en janvier 2012 lorsqu’un employé, chargé de contrôler les quantités de carburant, lui a proposé de faire sortir des quantités de carburant par la falsification des factures” avec la complicité de certains chauffeurs dont les noms étaient portés sur les fausses factures. Lors de l’audience, l’ex-chef de la sécurité de la station et principal accusé dans cette affaire a reconnu avoir falsifié les factures pour faciliter les opérations de vol du carburant. Un vol, a-t-il poursuivi, qui n’aurait pu réussir sans la complicité des chauffeurs et des agents de sécurité. Il faut savoir que la station du Caroubier est gérée avec des méthodes traditionnelles et archaïques, notamment pour le calcul des quantités de carburant dans les réservoirs de la station. Selon le rapport d’expertise, des quantités importantes de carburant ont été perdues au courant de l’année 2012 et durant les deux premiers mois de l’année 2013. “Ces quantités perdues ne dépassent pas les normes permises et reconnues, mais causent des pertes colossales pour l’entreprise en raison de la gestion traditionnelle et manuelle adoptée.” Et de révéler l’existence de quantités perdues, mais de “façon anormale”. Ce qui prouve qu’il y avait anguille sous roche.
M B