Affaire Khalida Toumi : nouveau rebondissement pour les témoins

Affaire Khalida Toumi : nouveau rebondissement pour les témoins

Le procès de l’ancienne Ministre de la Culture Khalida Toumi s’est poursuivi, le 28 mars dernier, devant le juge du Pôle pénal économique et financier du Tribunal de Sidi M’hamed à Alger. En détention provisoire depuis novembre 2019 au niveau de l’établissement pénitentiaire de Koléa, Khalida Toumi est poursuivie pour « abus de fonction, dilapidation de deniers publics et octroi d’indus avantages ».

Plus d’une quarantaine de témoins ont été auditionnés par le juge lors du procès impliquant l’ancienne Ministre de la Culture du temps du défunt Président Abdelaziz Bouteflika, Khalida Toumi. 

En effet, le procès de l’ancienne Ministre a levé le voile sur la gestion douteuse des structures décentralisées du département de la Culture auxquels d’importants fonds avaient été accordés pour l’organisation de différents événements culturels entre 2006 et 2017, notamment « Alger, capitale de la culture arabe (2007-2008) », « le festival panafricain en 2009 » et « Tlemcen, capitale de la culture islamique en 2011 ».

Deux principaux accusés ont comparu devant le juge auprès de Khalida Toumi, il s’agit de l’ex-ordonnateur financier, Abdelhamid Benblidia, actuellement en détention, et de l’ancien directeur de la culture de la wilaya de Tlemcen, Miloud Hakim. Tous les trois sont poursuivis pour « abus de fonction, dilapidation de deniers publics et octroi d’indus avantages » lors de l’organisation de manifestations culturelles.

De nombreux gestionnaires des organismes relevant du département de la Culture ont témoigné contre les trois mis en cause en leur envoyant la responsabilité du non-respect des procédures de financement des projets, parmi lesquels figure directeur des équipements, membre du comité exécutif de la manifestation « Alger, capitale de la culture arabe (2007-2008) ».

Ce dernier avait signé les ordres de services et les décisions d’arrêt et de reprise des travaux de réfection de la salle de cinéma Atlas et du musée Mama d’Alger et n’a pas manqué de pointé du doigt l’ex-ordonnateur financier, dans un premier temps, puis l’ancienne Ministre dans un second, qui, selon lui, l’avait instruit de signer ces documents. « Elle me disait : vous signez, sinon je signe et vous exécutez », a-t-il révélé devant le juge.

Le même responsable a affirmé « avoir signé les ordres de services avec l’entrepreneur au niveau de la salle Atlas avant d’aller, par la suite, au siège du Ministère », cependant, l’entrepreneur en question, également témoin lors du procès, a démenti cette version, affirmant, à son tour, « avoir signé les documents au siège du Ministère ».

Se succédant à la barre, les témoins livraient parfois des versions contradictoires des faits, mais tous renvoyaient la balle et la responsabilité du non-respect des procédures à Khalida Toumi, Abdelhamid Benblidia et Miloud Hakim.

Il convient de noter, qu’à la lumière de ces rebondissements, le juge d’instruction de la 5e chambre du Pôle financier avait instruit la poursuite de pas moins de 58 personnes, particulièrement des gestionnaires des organismes de la Culture cités comme témoins dans cette affaire, et qui ont vu leur statut passer de témoins à celui de prévenus.

Lourd réquisitoire contre Khalida Toumi

Le procureur de la République près le du Pôle pénal économique et financier du Tribunal de Sidi M’hamed à Alger a requis une peine de dix (10) ans de prison ferme assortie d’une amende d’un million de dinars à l’encontre de l’ancienne Ministre de la Culture Khalida Toumi.

Pour ce qui est d’Abdelhamid Benblidia et de Miloud Hakim, des peines de respectivement huit (8) et cinq (5) ans de prison ferme ont été requises à leur encontre, assorties d’une amende d’un million de dinars.

Au cours du procès, les avocats de la défense se sont également succédés à la barre pour plaider la relaxe expliquant qu’une contextualisation s’impose pour mieux comprendre l’envergure de l’organisation de telles manifestations culturelles.

D’ailleurs, les noms de Saïd Bouteflika, frère de l’ancien Président, et de Tayeb Louh, ancien Ministre de la Justice, sont ressortis lors de ce procès, pour leur implication dans cette affaire avec l’ancien procureur de Tlemcen, qui se trouve actuellement en prison.

La justice rendra son verdict final le 7 avril prochain. La principale accusée, l’ancienne Ministre de la Culture Khalida Toumi a fait part d’un « sentiment d’injustice et d’abus à son égard », pour sa part, Miloud Hakim a affirmé « avoir la conscience tranquille » et s’est dit « fier d’avoir réalisé des projets important avec l’ancienne Ministre », tandis qu’Abdelhamid Benblidia a insisté sur le fait qu’ « il n’avait rien fait ».