Ils sont plus d’un à vivre le calvaire au-delà des frontières algériennes. Vieux, jeunes et moins jeunes subissent, au quotidien, les affres de » justice » pas toujours justes, et de discriminations qui cachent mal leur nom.
A Agadir, s’est tenu hier un procès pas comme tous les autres : celui d’un enfant, Islam, âgé uniquement de 14 ans, qui est parti au royaume chérifien dans le seul but de participer à une compétition, pourtant officielle, de voile ! Le petit aura affaire à un autre enfant de son âge qui, lui, appartient à la lignée royale.
Une petite altercation se transforme tout de suite à une affaire pénale, chargée d’atteinte à la pudeur, montée de toutes pièces.
Dire que des témoins oculaires nient catégoriquement tout, comme le fait d’ailleurs, le rapport du médecin légiste ! Si la société civile, à sa tête le Réseau Nada qui suit l’affaire de très près, s’est montrée indignée, l’Etat Algérien ne fera pas grand bruit : il se contentera de mettre à la disposition du jeune Islam, l’avocat de l’ambassade d’Algérie à Rabat. Sinon, aucun communiqué n’a été rendu public, ne serait-ce que pour rassurer la famille de l’athlète d’un procès équitable. Cette affaire est loin d’être la seule, où la dignité des Algériens laissera des plumes.
Elle en rappelle bien d’autres. La plus présente dans les esprits, est certainement, celle des Algériens détenus en Irak, qui est loin d’être close.
Au nombre indéterminé, l’on ignore jusqu’aux conditions dans lesquelles, ils sont incarcérés, ni dans lesquelles, les uns sont exécutés, puisqu’en décembre dernier, deux des 8 ressortissants condamnés à mort par la justice irakienne, l’ont été. Suite à cette exécution, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini, a affirmé que le procès n’avait pas été équitable. Il a fallu que la société civile s’indigne pour que les autorités s’y mêlent pour tenter d’assurer des procès équitables et des conditions d’incarcérations acceptables aux détenus.
Il aura fallu attendre hier, pour que le Secrétaire d’Etat chargé de la Communauté nationale à l’étranger, Belkacem Sahli, indique qu’une délégation consulaire algérienne est reçue ce jour même par les autorités irakiennes pour s’enquérir de la situation des ressortissants algériens détenus en Irak.
Il a confié que la délégation consulaire aura à visiter les prisons irakiennes où sont détenus ces ressortissants afin de prendre connaissance de leurs dossiers et des raisons de leur emprisonnement. Salhi n’a pas fourni d’informations supplémentaires quant aux démarches envisagées après cette prise de connaissance de la situation et non plus d’ailleurs sur leur nombre qu’il dit que les autorités irakiennes lui ont communiqué. Les Algériens se remémorent également de l’humiliation que leurs concitoyens ont subit en Allemagne : ce sont deux cadres de l’entreprise nationale des arts graphiques (ENAG), invités pourtant par une entreprise allemande dans le cadre d’accords.
A l’aéroport de Francfort, ils vont vivre l’enfer. Détenteurs du visa Schengen, les deux cadres Algériens ont été humiliés et rabaissés par des policiers allemands des frontières. Ils subiront surtout plusieurs interrogatoires durant plus de huit heures, dés leur descente de l’avion, le 11 mai 2012 à 15h30.
Ils ont subi un interrogatoire en règle, jusqu’à 23h30 notamment sur les raisons de leur voyage. Selon leur témoignage rapporté par la presse nationale, les deux algériens détenaient le visa et l’invitation « d’une entreprise allemande, KBA » qui les attendait à la Foire des arts graphiques de Francfort… L’ambassadeur de l’Allemagne a été convoqué au ministère des Affaires étrangères.
» Au terme de l’entretien, il a été convenu de convoquer une réunion conjointe pour procéder à une évaluation minutieuse de tous les volets de cette question « , avait déclaré Amar Belani, le porte-parole du ministère.
D’autres affaires de ce genre ont éclaté dans les quatre coins du monde : en Libye, à Qatar, en Tunisie… Et les Algériens se demandent sérieusement s’ils sont protégés en dehors des frontières et à quel point ils peuvent compter sur leur Etat.
Par Hamid Fekhart