Affaire du maire suspendu de Khenchela: L’administration sévit

Affaire du maire suspendu de Khenchela: L’administration sévit

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Les Khenchelis ont réussi à donner à leur maire une leçon de démocratie et par la même, prévenu les 1400 autres présidents d’APC des nouvelles limites que leur posent l’administration et les citoyens.

L’évènement qui a défrayé la chronique au chef-lieu de la wilaya de Khenchela, où l’on a enregistré une protestation citoyenne contre le maire de la ville, s’est terminé par la suspension de l’édile. Ce dernier s’était opposé à l’opération de collecte des signatures au profit du candidat Rachid Nekkaz. Il s’en est même vanté sur son compte Facebook. En réaction à ce comportement, pour le moins, antidémocratique, des citoyens, par centaines, s’étaient rassemblés face au siège de l’APC.

Dans la foulée, beaucoup de slogans ont été lancés et le maire indélicat qui a accroché sur la façade du siège de la mairie un poster géant du président de la République, a été sommé par la foule de l’enlever. Personne ne pourra affirmer avec certitude que les manifestants en voulaient au chef de l’Etat. Mais ce qui est sûr, par contre, c’est que le zèle mal placé de l’édile a franchement déplu aux citoyens de Khenchela, mais pas seulement, puisque les autorités de wilaya ont eux aussi réagi en procédant à la suspension pure et simple dudit maire. Ce qu’il faut retenir de cet intéressant épisode préélectoral, tient d’abord dans l’influence désormais dominante des réseaux sociaux.

En affichant ses intentions sur ce canal de communication, le maire a touché un large public qui n’a pas tardé à relayer les desseins de l’élu local. Le second enseignement est relatif au comportement civique des habitants de la commune de Khenchela qui ont pacifiquement exprimé leur désapprobation quant au comportement de leur maire. La manifestation n’est pas sortie de son cadre et les protestataires ont obtenu gain de cause, sans qu’il y ait le moindre incident malheureux. On retiendra également la réaction prompte et efficace de la hiérarchie administrative qui a pris une mesure conservatoire très opportune en pareille circonstance.

Dans cette «affaire de Khenchela», force est de constater que les citoyens et l’autorité publique ont eu un comportement parfait et en adéquation avec les principes d’une société moderne et respectueuse des valeurs démocratiques. Le point noir dans l’histoire n’est autre que le personnage du maire, donc politique, qui visiblement confond entre l’administration et le parti, ainsi que entre le citoyen et le militant. Le maire de Khenchela est l’exemple vivant d’une génération de cadres politiques qui ne croient pas vraiment au suffrage universel, ni aux libertés individuelles et collectives.

Il se trouve, cependant, que la démonstration de Khenchela prouve que ce qui pouvait être admis dans le passé, en raison du désintérêt des citoyens, l’est de moins en moins. Cela d’un côté. d’un autre côté, le politique qui bénéficiait du soutien automatique de l’administration ne dispose plus de l’état de grâce que lui conférait son appartenance au parti du pouvoir. Les Khenchelis ont réussi à donner à leur maire une leçon de démocratie et par la même, prévenu les 1400 autres présidents d’APC des nouvelles limites que leur posent l’administration et les citoyens.