Affaire du groupe “Benamor” : Ouyahia fait de graves révélations

Affaire du groupe “Benamor” : Ouyahia fait de graves révélations

Après le report du procès des accusés dans l’affaire du groupe agroalimentaire « Benamor », poursuivis pour corruption, en raison de l’absence de l’un des accusés dans cette affaire, l’ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal pour des raisons de santé, ce dernier a débuté, mercredi 23 mars 2022 au pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed (Alger).

Plusieurs autres anciens responsables sont poursuivis dans l’affaire du groupe Benamor, dont l’ancien premier ministre Ahmed Ouyahia et l’ancien ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaissa pour dilapidation de deniers publics, blanchiment d’argent, obtention d’indus avantages et exploitation illégale de terres agricoles.

Au troisième jour du procès des frères « Benamor » et les accusés dans cette même affaire, le juge du pôle pénal économique et financier a rejeté la méthode « préférentielle » de distribution des « quotas » de blé subventionnés par l’Etat. L’ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a également été confronté à une violation flagrante des instructions du Conseil national de l’investissement, relatives au gel de l’octroi de concessions dans la loi sur les investissements aux futurs investisseurs dans l’activité des moulins et engrais, après que le taux de saturation du marché algérien avec les moulins avait atteint 300 %, et l’arrêt du financement bancaire de projets en rapport avec les moulins.

Malgré la délivrance des ordonnances de gel, Ahmed Ouyahia a justifié l’augmentation de l’approvisionnement des moulins par les rapports de sécurité reçus en 2011, qui évoquaient des signes d’une nouvelle crise liée au pain, au blé et à la semoule, après « la révolution du sucre », qui selon Ouyahia auraient plongé le pays dans les flammes des protestations et auraientt plongé le pays dans ce qu’on appelle le «printemps arabe», soulignant que Benamor a obtenu le prêt de financement un an et demi avant que Ahmed Ouyahia ne soit premier ministre, c’est-à-dire avant le gel des opérations de financement de l’usine.

Ahmed Ouyahia nie toutes les accusation dans l’affaire « Benamor »

Le Juge : En votre qualité de Premier ministre, le recours de Benamor était-il un recours administratif ?

Ahmed Ouyahia : Monsieur le Président, le Premier Ministre a des pouvoirs administratifs et politiques, et moi, en tant que Premier Ministre, je me réfugie en Dieu de la parole que je suis mon rôle, ou plutôt mon objectif est d’investir et de faire avancer l’économie nationale. Votre Honneur, c’est la huitième session de mon procès, et chaque fois que nous entendons la différence entre le secteur privé et le secteur public, bien que les lois de la République se soient concentrées sur le fait qu’il n’y a pas de différence entre le secteur public et le secteur privé, parce que les institutions publiques et privées appartiennent à l’Etat algérien… même les institutions privées sont considérées comme un investissement pour l’Algérie, et mon rôle à la fin est de faire avancer les choses pour le mieux.

Le Juge : Pourquoi le directeur du cabinet au niveau du premier ministère n’a-t-il pas été chargé d’étudier la question ? Pourquoi avez-vous interféré directement avec la validité de ce dernier ?

Ahmed Ouyahia : Monsieur le Président, le Directeur du Tribunal n’a rien à voir avec « AGROVID », j’ai reçu le recours et l’ai remis au conseiller du Premier Ministre pour étude, et j’ai personnellement signé la lettre adressée au complexe « AGROVID », et ceci afin d’inviter les superviseurs du complexe de Riyad en Algérie à programmer une séance de dialogue avec Ben Omar pour trouver des solutions rapides.

Le Juge : Pourquoi avez-vous directement pris la décision sans entendre l’autre partie ?

Ahmed Ouyahia : Monsieur le président, je vous ai expliqué que j’avais reçu une plainte de Benamor concernant les problèmes entre lui et le complexe de Riyad en Algérie, et les conseillers du premier ministère ont étudié la plainte, et ont conclu qu’il n’y avait pas de solution mais ouvrir des voies de dialogue entre les deux parties.

Le Juge : La requête porte la signature de la personne physique ?

Ahmed Ouyahia : Je n’ai rien à voir avec Laid Benamor, sauf relation professionnelle, puisqu’il est le président de la Chambre nationale de commerce, ce qui en a fait une figure patriotique. Monsieur le président, je n’ai pas assez de sagesse pour comprendre le droit car j’ai été envoyé par une personne physique représentée par le responsable du complexe et j’ai essayé de résoudre le problème.

Ouyahia justifie ses décisions en avançant l’argument de la stabilité du pays après le « Printemps Arabe »

Le Juge : Concernant l’instruction adressée au ministre de l’agriculture relative à l’augmentation du quota « blé » ?

Ahmed Ouyahia : Depuis près de 20 ans, nous vivons avec le problème de l’inflation et de la saturation du nombre de moulins, et pendant la crise de ce qu’on appelle le « printemps arabe », et il y avait une intention d’entraîner le pays vers les abimes, et sur cette base, nous avons cherché à éteindre la flamme qui a éclaté en janvier 2011, à l’intérieur du pays et à fortifier l’Algérie, surtout après les protestations qui ont éclaté, qui ont conduit à ce qu’on appelle la révolution « du pétrole et du sucre », et des rapports de sécurité parvenaient au gouvernement faisant état de signes d’une nouvelle crise liée au pain, au blé et à la semoule, ce qui a conduit le conseil ministériel du 8 janvier 2011 à une correspondance avec le ministre de l’Agriculture qui décide d’augmenter l’offre de les moulins privés de 50 à 60 % de leur capacité, et les moulins publics de 50 à 100 %, afin d’annuler l’argument de la pénurie de blé et d’assurer l’approvisionnement du marché.

Le Juge : Qu’en est-il de l’instruction adressée au ministre des Finances ?

Ahmed Ouyahia : Monsieur le président, la lettre adressée est liée à l’arrêt du financement des moulins après que nous avions enregistré un état de saturation. Par contre, en ce qui concerne Benamor, il a pu obtenir l’approbation du Conseil national pour le développement des investissements en mars 2016, qui lui a accordé des concessions et des financements, étape pendant laquelle je n’étais pas Premier ministre, ce qui signifie que la décision du Conseil national de l’investissement a précédé la décision d’arrêter le financement des investissements dans le domaine des moulins, et par conséquent, la lettre adressée au  ministre des Finances n’a pas visé à adresser des instructions au ministre des Finances, mais plutôt à rappeler les décisions du Conseil national de l’investissement uniquement.

Le Juge : Mais l’application immédiate des consignes. Je veux dire qu’il y a une exception concernant le financement de Benamor ?

Ahmed Ouyahia : Votre Honneur, c’est moi qui ai passé l’instruction de suspendre le financement des moulins sur la base des délibérations du Conseil interministériel. Le financement demandé par Benamor dans sa requête était légal, et il n’y a pas d’exception, que ce soit pour Ben Amor ou toute autre personne, comme je vous l’ai déjà dit, Benamor a reçu le prêt de financement un an et demi avant que j’assume le poste de Premier ministre, et sur cette base, j’ai insisté pour qu’il n’y ait pas d’exception pour Ben Amor…

Le Juge : Quelle est votre interprétation de la correspondance adressée au Ministre de l’Industrie ?

Ahmed Ouyahia : J’ai l’honneur de vous dire aujourd’hui que j’ai 12 ans et j’ai exercé mes fonctions de premier ministre et je connais très bien les lois du secteur public. Le ministre n’a pas autorité sur le complexe ni sur la société, et j’ai écrit au groupe « AGROVID », car il s’agit de mettre en œuvre les décisions du règlement du Conseil des contributions de l’État.

Le juge finit en demandant à Ouyahia, s’il voulait ajouter quelque chose. Ce dernier conclut en rejetant les accusations portées contre lui, en disant que ces dernières sont sans fondement, en demandant quels sont les intérêts pour lui et sa famille par rapport au conflit d’intérêt dont il est accusé dans l’affaire Benamor.