Omar Ghrib est devenu, depuis quatre ans, l’homme fort du Mouloudia d’Alger
Le geste du MCA a été perçu par les responsables algériens comme une atteinte à l’autorité de l’Etat.
«Les carottes sont
désormais cuites pour Omar Ghrib», c’est ce qu’a affirmé une source proche du MCA qui a ajouté que le président-directeur général de Sonatrach, actionnaire majoritaire dans le club du Mouloudia d’Alger à 80%, s’apprête à limoger le président de la section football, Omar Ghrib, et à envoyer le président du conseil d’administration, Kamel Amrouche à la retraite.
La commission de discipline de la LFP a entendu hier matin le capitaine d’équipe Réda Babouche et le gardien de but Faouzi Chaouchi, afin de faire la lumière sur le boycott du protocole de la finale de la 49e Coupe d’Algérie.
Ces derniers avaient déclaré à la Radio nationale que les joueurs du MC Alger n’étaient pas fautifs dans la polémique qui a entaché la fête du football le 1er mai dernier. Les membres de la commission devraient également écouter la version de Omar Ghrib et Djamel Menad, entraîneur en chef, sur cette affaire, qui avait nié dans un entretien, dans la presse arabophone, toute implication dans ce scandale de la finale de la Coupe d’Algérie.
Selon des sources proches du Doyen, le geste du Mouloudia n’a été nullement réfléchi ni prémédité. C’est Omar Ghrib qui serait derrière cette «action» malheureuse et irréfléchie qui a plongé le monde du sport algérien dans la consternation et la voyoucratie.
Le président de la section football était devenu depuis plus de quatre ans le personnage le plus fort du Mouloudia d’Alger. Malgré son manque de diplomatie et de culture, M.Ghrib avait réussi à imposer le respect et surtout le soutien des supporters et des joueurs. C’est grâce, notamment à ses relations qu’il a pu ramener de l’argent pour payer les salaires astronomiques des joueurs du MCA et à écarter même des fortunes diverses comme Drif, Idir Loungar et Mourad Louadah. On le disait même proche de Rachid Marif, ancien responsable du MCA. Omar Ghrib était considéré comme un kamikaze qui était toujours envoyé au charbon au moment où le Mouloudia était en crise. Et c’est le plus naturellement du monde qu’il se retrouve aujourd’hui au-devant de la scène, comme le leader sans épée ou le chef sans fusil du Doyen.
Pour ceux qui ne le savent pas, Omar Ghrib avait même été condamné en 2010, à deux ans d’arrêt de toute activité et de 120.000 DA d’amende par la commission de discipline de la Ligue nationale de football, suite à ses déclarations sur la Fédération algérienne de football. Mais Omar Ghrib avait continué à activer au sein du club sans pour autant être inquiété.
Mais sa dernière action sur le terrain avait, selon certaines sources, une portée politique très lourde et aura des conséquences sportives et politiques tout aussi lourdes. Car le boycott des joueurs du MCA de la cérémonie protocolaire de la Coupe d’Algérie, a suscité une grande colère au sein des responsables algériens présents à la tribune officielle, en premier lieu le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a perçu le «geste» du MCA comme une atteinte à l’autorité de l’Etat. Le Premier ministre aurait exigé du P-DG de Sonatrach des sanctions immédiates et lourdes à ce genre de geste antirépublicain.
A côté des sanctions sportives de la LNF, il y aura ainsi des sanctions d’ordre professionnel de Sonatrach. Toutes les personnes qui sont derrière cette affaire seront bannies de la main courante du sport national.
Il est vrai que Sonatrach, qui a accepté de prendre en charge le Doyen après plusieurs tergiversations politiques, n’avait pas le temps de se débarrasser de Ghrib et de sa gouaille de magouilleur et de trafiquant. Sa forme ronde et son look ne cadraient pas avec le costume lisse de la puissante entreprise algérienne. Mais la force de Ghrib et son puissant lobbying au sein du club et ses rapports très étroits avec les supporters ne permettaient pas au P-DG de Sonatrach de le dégommer du poste de puissant directeur du football.
Les responsables de la SPA-MCA ont, avec cette affaire, une occasion en or pour se débarrasser du ver qui fourmillait dans la corbeille du Doyen et qui empoisonnait le Mouloudia. De plus, les responsables de Sonatrach auraient, selon certaines sources, déjà contacté Kheireddine Zetchi, le jeune et élégant président du PAC, afin de redorer le blason du Mouloudia et réparer l’affront fait à la République algérienne.