Affaire du 5e mandat : procès reporté pour Said Bouteflika et Haddad

Affaire du 5e mandat : procès reporté pour Said Bouteflika et Haddad

Le Pôle pénal économique et financier du Tribunal de Sidi M’hamed d’Alger avait programmé un nouveau procès pour Saïd Bouteflika, frère et conseiller du défunt Abdelaziz Bouteflika, ex Président de la République, et Ali Haddad, homme d’affaires et ancien patron du Forum des chefs d’entreprises (FCE), ce lundi 18 avril 2022, et ce, pour leur implication dans l’affaire relative au financement occulte de la campagne électorale du 5ᵉ mandat, blanchiment d’argent et dissimulation de biens issus d’infraction criminelle et de corruption. Mais ce dernier a finalement été reporté jusqu’au 9 mai prochain.

L’ajournement a été prononcé à la demande de la défense de Saïd Bouteflika, afin de préparer le dossier et l’examiner. L’absence de l’équipe de défense de l’accusé Ali Haddad est aussi à noter, alors que qu’Abdelmalek Sellal, l’ancien Premier ministre, qui est représenté sur l’affaire en tant que témoin, a demandé à ne pas assister à l’audience et à n’entendre sa déposition qu’à distance depuis l’institution de L’affaire punitive de Koléa.

Said Bouteflika est poursuivi, comme indiqué dans l’ordonnance de renvoi, pour abus d’influence, délit d’abus de fonction, défaut de déclaration de propriété, enrichissement illicite, délit de blanchiment d’argent,  financement clandestin d’un parti politique, ainsi que pour délit de recel de produits de crimes de corruption. Tandis que l’homme d’affaires, Ali Haddad, est quant à lui poursuivi pour des délits de blanchiment d’argent, de financement clandestin d’un parti politique ainsi que pour un délit de recel de produits de crimes de corruption, des actes prévues et punies par les articles 389 bis, et 389 bis 1 du code pénal, l’article 32 F1, les articles 33, 36 et 37 articles 1, 39 et 43 de la loi de prévention et de lutte contre la corruption.

L’instruction du dossier a débuté en juin 2020, avec l’interrogatoire d’Ali Haddad par le juge d’instruction de la cinquième chambre du tribunal de Sidi M’hamed concernant le transfert d’une somme d’argent des comptes de la « SPA ETRHB » vers la société « MEDIA TEMPS » d’un montant estimé à 75 millions de dinars, et ce, dans le but d’acquérir du matériel Audiovisuel belge d’une valeur financière de 222.169 euros. Après que ce matériel ait été expédié et dédouané à l’aéroport Houari Boumediene d’Alger, il a été préparé et dirigée vers la chaîne «El Isstimraria », qui devait assurer la couverture des activités de certains partis politiques.

Haddad implique Said Bouteflika

Ali Haddad a déclaré, lors de son interrogatoire par le juge, que la société « Média Temps » est mandatée par la loi pour éditer et distribuer deux quotidiens en arabe et en français, et que cette société n’a aucun lien avec les deux chaînes de télévision « Dzair TV et Dzair News », qui sont soumises à la loi jordanienne.

Haddad a ajouté dans ses déclarations que l’entreprise souffrait de difficultés financières et entrait dans la phase d’arrêt de paiement, et pour cela, il a été contraint de chercher des solutions pour sauver l’entreprise, il a donc négocié avec une société internationale spécialisée dans le sport commercialisation afin de lancer un projet lié à la diffusion des matchs du premier et du second tour que « Dzair TV » avait le droit exclusif de diffuser, et sur cette base, il a transféré un montant de 75 millions de dinars à titre de prêt.

Haddad a aussi expliqué que l’importation de ce matériel a coïncidé avec le début de la campagne électorale pour les présidences annulées, où se trouvait le directeur de campagne électorale Abdelmalek Sellal à l’époque, lorsque Saïd Bouteflika l’a appelé et lui a dit qu’il voulait lancer une chaîne de télévision pour la campagne électorale, basé au pont de la Colonne à Hydra, pour assurer la couverture de la campagne, et qu’il disposait d’une équipe technique et d’une commission médias chargées de communiquer dans le cadre de la campagne électorale, et lui avait demandé de prêter du matériel et des machines techniques au cours de la même période, soulignant qu’il avait demandé au soi-disant « T. Hakim » d’entreprendre la préparation d’une étude technique pour ce projet, et après son achèvement, il a été présenté à Said Bouteflika, qui a accepté d’étudier et d’installer les équipements.

Said Bouteflika nie toutes les accusations

De son côté, Saïd Bouteflika, lors de sa comparution devant le juge d’instruction, a nié toutes les charges retenues contre lui liées aux délits de blanchiment d’argent, de financement de la campagne électorale pour le cinquième mandat, de recel de produits tirés de crimes de corruption et d’abus de pouvoir et de position et a catégoriquement nié sa relation avec le complexe Ali Haddad. La campagne électorale est sans fondement, car il est conseiller de l’ancien président de la République et n’était pas responsable de sa campagne électorale, mais qu’il y avait d’autres responsables en charge du processus.

D’autre part, l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal a déclaré devant le juge en tant que témoin dans l’affaire qu’il ignorait ce qui s’était passé entre Saïd Bouteflika et Ali Haddad concernant la chaîne « El Isstimraria », et a confirmé sa nomination par Saïd Bouteflika en tant que directeur de la campagne présidentielle. Dans ce contexte, les travaux préparatoires de la campagne électorale n’ont débuté que dans ses aspects organisationnels, précise Sellal. Quant à la gestion et la gestion des affaires financières, elles ont été confiées au trésorier, dénommé Shaid Hammoud al-Makani Abd al-Rahman, par le frère du président.