Le «fonds de commerce» que constitue désormais l’affaire de l’assassinat des 7 moines de Tibhirine continue à être exploité à outrance et les services secrets algériens à être la cible privilégié des «partisans du qui-tue-qui ?»
Un document déclassifié appartenant à un autre général, Philippe Rondot, officier des renseignements français, qui comporte des écrits qualifiés de «précieux», même si, à les lire, on trouve qu’ils n’apportent rien de nouveau au dossier.
Il s’agit de notes personnelles qui auraient été tapées à la machine par ce général de renseignement et qui viennent de faire l’objet d’une levée du «secret-défense».
Ce général qui était arrivé à Alger le 5 avril 1996, dix jours après l’enlèvement de ces 7 moines par le Groupe islamique armé (GIA), écrit dans une note intitulée «considérations (amères) sur la gestion de l’affaire des moines de Tibhirine et propositions (malgré tout) d’action» adressée à ses supérieurs de la Direction de la surveillance du territoire (DST, services secrets français), que «nous ne pouvons rester plus longtemps dans l’expectative en restant dépendants au plan du renseignement et de l’action des services algériens, lesquels ont sans doute d’autres impératifs».
Ce qui signifie que les services français souhaitaient agir en territoire algérien, et en lieu et place de leurs homologues algériens, au détriment du principe de la souveraineté nationale.
Ce général français «justifie» cette attitude par une accusation lorsqu’il écrit que les autorités algériennes «peuvent être tentées de régler brutalement ce qu’ils considèrent comme un simple fait divers». Un simple soupçon, ou même un état d’âme, qu’on a aimé utiliser de l’autre côté pour remplacer les autorités algériennes dans leur propre territoire.
Rien d’étonnant lorsqu’on sait que cette campagne orchestrée autour de l’assassinat de ces 7 moines, revendiqué pourtant par le GIA dans un communiqué authentifié par les autorités françaises, est basée sur des «ouï-dire», avec l’audition du général François Buchwalter par le juge d’instruction Marc Trédivic.
Le général Philippe Rondot a ajouté dans ses notes qu’«il faut en tout état de cause éviter de nous laisser entraîner par les Algériens dans leur logique de justification sécuritaire et de nous laisser mettre sur le côté comme ils avaient tenté de le faire lors du détournement de l’Airbus».
Cette affaire de détournement de l’Airbus par le GIA avait enregistré une velléité française d’intervenir au niveau de l’aéroport international d’Alger, ce qui a été refusé par les autorités algériennes.
Cette campagne se poursuit lorsque le journal le Figaro, qui publie une partie des notes personnelles du général Philippe Rondot, tente de donner du crédit à ces écrits en rédigeant qu’«après que ses notes personnelles ont constitué l’architecture de l’affaire Clearstream, ses écrits se retrouvent cette fois dans l’affaire des 7 moines du monastère algérien de Tibhirine retrouvés assassinés le 30 mai 1996».
Cette publication ajoute que «les écrits du général Buchwalter qui figurent parmi les documents déclassifiés n’évoquent pas explicitement la possibilité d’une éventuelle bavure. D’où la nécessité de trouver et à tout prix des indices accréditant cette hypothèse dans les notes du général Rondot».
Pourtant, juste après l’audition du général Buchwalter par le juge instructeur Marc Trévidic, une partie de la presse française s’était empressée de dire que ce général évoquait clairement une «bavure». Plus tard, l’absence de preuves matérielles évoquée dans cette audition a discrédité ce témoignage.
D’où l’intérêt marqué pour le témoignage du général Philippe Rondot dans l’espoir d’obtenir encore de la matière pour cette campagne. Le Figaro annonce «plusieurs auditions dans les mois qui viennent».