Affaire des harraga algériens disparus en Tunisie, Plainte contre deux ex-ministres tunisiens

Affaire des harraga algériens disparus en Tunisie, Plainte contre deux ex-ministres tunisiens

L’affaire des harraga algériens disparus en Tunisie pendant les années de règne du président déchu, Ben Ali, revient cette semaine au devant de la scène nationale et régionale. L’avocate des familles des disparus et militante des droits de l’Homme, Fatima-Zohra Ben Braham, a révélé jeudi à la presse tunisienne, qu’elle est en contact permanent avec les autorités de ce pays, pour connaître le sort des « harraga » algériens détenus en Tunisie.

Elle a indiqué qu’elle a eu des assurances de la part du conseiller du président de la République, pour que ce dossier soit traité avec sérieux et célérité. Cette promesse, précisons-le, est le fruit de plusieurs mois de travail et d’enquête menée par l’avocate sur le territoire tunisien. Elle a réussi à convaincre des associations tunisiennes à adopter la cause des familles des harraga.

La même source note que les consultations à propos de cette affaire des émigrés clandestins algériens et tunisiens, disparus depuis les années 2007-2008, aient débuté depuis 2011, date de l’avènement du pouvoir actuel. Un avocat tunisien a été chargé de l’affaire et une plainte a été déposée contre les ministres de la justice et de l’intérieur de Ben Ali. L’avocate a indiqué qu’elle travaille sur le dossier en collaboration avec Samir Dilou, ministre des droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle. Ses enquêtes ont démontré que les disparus étaient bien parmi le groupe au moment de leur arrestation.

Fatima Ben Braham a précisé qu’elle a réuni assez d’éléments pour inculper le régime de Ben Ali, notamment pour le décès avéré d’un jeune dont le corps a été découvert sur la terre ferme avec des traces de menottes aux poignets et dont les autorités tunisiennes de l’époque, avaient imputé la mort à la maladie. Un second groupe de 43 personnes, composé de 39 Algériens et de 3 Tunisiens, a été  » sans aucun doute  » arrêté dans les eaux territoriales tunisiennes, dit-elle, arguant d’une communication téléphonique que l’un des passagers avait donnée à sa famille au moment des faits.

L’avocate ainsi que son confrère Farouk Ksentini, du barreau d’Alger, attendent d’être reçus par le président de la République, Moncef Marzouki, afin de lui présenter le dossier. Rappelons-le, le porte-parole des familles des harraga disparus en mer, Kamel Belabed avait déclaré en 2009, qu’il a eu des informations vérifiées sur l’arrestation de 68 harraga en Tunisie, mais rien ne filtre.  »Nous avons eu la preuve formelle de leur détention, mais, officiellement, les gens ne veulent pas en entendre parler. Encore une fois, le problème est qu’on ne veut pas nous associer. Quand on a demandé le recensement, c’était dans l’intérêt général. Nous avons demandé le prélèvement de l’ADN des parents, parce que nous savons le problème de l’incinération qui se pose de l’autre côté. Sans recensement, on ne peut pas savoir combien, il y a eu de ressortissants algériens enterrés à l’étranger. Nous sommes en droit de connaître la vérité concernant le sort de nos enfants », a-t-il déclaré à la presse nationale en mars 2009.

Par Rachid Chihab