L’enquête préliminaire, diligentée par la section de recherches auprès du groupement territorial de la Gendarmerie nationale de la wilaya d’Oran, sur l’inscription dans des universités d’étudiants qui n’ont pas décoché le bac, a été clôturée.
Des cadres universitaires, des agents administratifs ayant délivré les diplômes et les certificats et des étudiants bénéficiaires, ont été interrogés lors de cette enquête qui a duré plusieurs mois. Ils seront auditionnés « très bientôt » par le juge instructeur. Ainsi, trente étudiants à la faculté de droit de l’université d’Oran font l’objet de poursuites judiciaires. L’administration de la faculté a confirmé, pour sa part, des cas de faux étudiants et faux diplômés. Une mesure a été aussitôt prise à travers la suspension des étudiants suspectés, affirme une source sûre. Parmi les concernés, ceux de 4e année qui ont été rayés des examens de fin d’année ainsi qu’une titulaire d’une fausse licence en droit. Le nombre pourrait augmenter puisque plusieurs étudiants des anciennes promotions, convoqués par les inspecteurs, n’ont pas répondu à l’appel. En outre, les investigations ont été élargies à d’autres facultés de l’université d’Oran et en particulier, celle des sciences économiques. « Les enquêteurs vont vérifier tous les dossiers des étudiants et des diplômés durant les dix dernières années, à savoir de 2002 à 2012 », affirme notre source. L’enquête a détecté 17 certificats falsifiés dont 5 à la faculté des sciences économiques et 7 à la faculté de médecine. Les concernés n’avaient pas la moyenne exigée pour s’inscrire en médecine ou en pharmacie, alors que d’autres n’avaient même pas obtenu leur baccalauréat. Les mis en cause auraient profité de failles dans le système administratif chargé de la gestion du cursus mais aussi de complicités. Des agents administratifs, exerçant au niveau de la direction pédagogique et chargés de l’inscription administrative, ont été suspendus et auditionnés par les enquêteurs. Le vice-président de ce service a également été interrogé suite à des informations faisant état du non-respect des mesures sécuritaires. « Le responsable aurait laissé les clés du tiroir des documents au niveau du secrétariat. Cela permettra de situer les responsabilités », nous explique-t-on. Les étudiants mis en cause sont, pour la plupart, des enfants de cadres dirigeants de l’université d’Oran et de hautes personnalités, à l’exemple de la fille d’un avocat très connu dans l’ouest du pays. Cette dernière avait obtenu sa licence en droit sans avoir obtenu le baccalauréat, mais le comble est que l’enquête a revélé que son diplôme ne portait pas la griffe de la faculté de droit d’Oran (…). Un autre cas relevé est celui du fils d’un médecin, propriétaire d’un laboratoire d’analyses. Le troisième serait le fils d’un professeur en médecine. Il s’est inscrit dans cette spécialité alors que sa moyenne ne le permettait pas. Mais ce scandale n’est pas encore à sa fin puisqu’une enquête interne a été ouverte au niveau de la faculté des lettres suite à une correspondance récente au ministère de l’Enseignement supérieur. Des professeurs en langue espagnole auraient constaté la délivrance de diplômes à des étudiants qui n’auraient jamais suivi de cours, « mais qui ont néanmoins bénéficié de bonnes notes dans cette matière », a noté la correspondance. Mais ce scandale ne semble pas confiné à la capitale de l’ouest. Plusieurs universités, dont celles de Sidi Bel Abbès et Saïda font objet d’enquêtes, ce qui a obligé les gendarmes à saisir l’Office national des examens et concours (Onec) pour vérifier le listing des bacheliers depuis 2002.
Neïla B.