Une délégation composée de plusieurs personnalités françaises, Roland Desbordes, président de la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (CRIAAR), M. Aubanel, un vétéran des essais nucléaires français en Algérie, et une équipe de France 3 Bretagne sera à Alger du 20 novembre jusqu’au 5 décembre pour un reportage, nous a fait savoir récemment M. Roland Desbordes, président de l’association en question.
Le 13 février 1960, contre l’avis des trois puissances atomiques de l’après-guerre (Etats-Unis, URSS et Grande-Bretagne), qui venaient de signer un moratoire contre les essais nucléaires, de Gaulle insiste, s’empresse, persiste, signe et fait exploser les premiers essais nucléaires français dans le Sahara algérien.
La violation dudit moratoire va bien évidemment se poursuivre, selon le bras de fer algéro-français lors des accords d’Evian, longtemps après l’indépendance de l’Algérie.
Réalisée par le documentariste Larbi Benchiha en 2008 – l’un des rares et précieux témoignages de cet épisode de la mémoire du Sahara algérien –, l’histoire des essais nucléaires français révèlent au monde entier les dégâts qu’ont subis et subissent encore les populations de la région ainsi que les séquelles, tant humaines que naturelles, qui ont découlé de ces essais.
Quant au temps de reconnaissance et de la réparation, il a fallu attendre 1999 pour qu’une expertise de l’AIEA soit réalisée sur les sites en question.
Toujours sur l’initiative de l’Algérie, et au même moment – 2007, où le candidat Sarkozy voulant faire avaler des couleuvres aux partisans de l’Algérie française et ménager le chou et la chèvre, pensant corrompre l’Algérie par une éventuelle offre de coopération nucléaire – qu’un colloque ayant pour thème «Sur les conséquences environnementales et sanitaires des essais nucléaires» a été organisé à Alger.
Ce colloque revendique clairement une réhabilitation des sites, endommagés par les essais français, et un contrôle approfondi sur l’état de santé des populations négligées par le pays des libertés et des droits de l’homme.
Il faut rappeler qu’aucune étude épidémiologique n’a été faite dans la région à l’instar de ce qui a été fait en Polynésie qui enregistre –rapport de l’équipe de Florent de Vathaire (directeur de recherche à l’Inserm, université Paris-Sud 11 à l’Institut Gustave Roussy) – un taux élevé du cancer de la thyroïde dans les zones des essais nucléaires français entre 1964 et 1974, la même période des essais nucléaires français dans le Sahara algérien.
La France qui devrait reconnaître ses responsabilités et prendre en charge l’indemnisation des victimes de ces essais nucléaires, ne cessent de dire les rapports établis à nos jours par le colloque d’Alger, a toujours ignoré le mot réparation.
Si l’équipe, qui se déplace en Algérie prochainement, aura pour but de prouver et de convaincre, preuves à l’appui, que l’Etat français se doit d’entamer dans l’immédiat des opérations de décontamination et de réhabilitation de sites touchés par les radiations, une autre équipe de scientifiques algériens «ne tarderait pas à faire, dans ce même cadre, le déplacement à Alger», selon Desbordes.
Un binôme atomique avec l’Algérie à l’image des Etats-Unis et du Japon, des Etats-Unis et des îles Marshall, de la Russie et du Kazakhstan, de la Grande-Bretagne et de l’Australie… pourrait-être l’aboutissement de ces «sommations» à l’égard de la France.
Samir Méhalla