L’organisation syndicale que dirige Sadek Ziri pose un problème de fond quant au cadre réglementaire inhérent à l’installation et à la gestion des caméras vidéo de surveillance dans les établissements scolaires.
Rien ne va plus au CEM Mohamed-Guerbous à Baba Hassan. Et pour cause, la situation des enseignants et des adjoints de l’éducation est loin d’être reluisante au vu des brimades qu’ils subissent au quotidien par le chef d’établissement.
C’est le constat dressé par le bureau de wilaya du syndicat Unpef au sujet d’une situation à la limite explosive et consignée dans un rapport circonstancié des faits, que le bureau syndical a adressé à la directrice de l’Académie d’Alger-Ouest. Donc, et à la lecture du rapport en question, dont Liberté a été destinataire d’une copie, l’Unpef décrit les pressions “regrettables” exercées sur le personnel de l’établissement. “Il nous est regrettable de vous adresser Mme la directrice de l’Éducation Alger-Ouest un rapport pour dénoncer, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, le harcèlement et l’arbitraire administratif pratiqué par une femme en la personne de la directrice du CEM Guerbous à l’encontre d’autres femmes travaillant dans la même structure scolaire”, peut-on lire en introduction du compte rendu. Les rédacteurs s’élèvent d’emblée contre “l’installation de caméras dans l’établissement qui ne sont pas dans l’ordre des priorités. L’argent dépensé aurait dû être utilisé pour l’acquisition d’outils pédagogiques et autres affaires scolaires, au lieu de verser dans l’espionite”.
L’autre question qui demeure posée : celle des prérogatives des membres du conseil de gestion du CEM qui ne sont pas élus, mais désignés. Et à ce titre, “ce conseil ne peut s’autoriser d’émettre un avis favorable pour l’achat d’appareils de surveillance”. De ce fait, le bureau de wilaya s’interroge sur les objectifs “inavoués d’une démarche à la limite rétrograde”, notamment dans un temple du savoir. “Une semaine après l’installation des caméras, le personnel enseignant est devenu un objet de divertissement de l’employé en charge de la gestion de ce poste de contrôle.
L’installation de caméras dans les couloirs des classes est immoral, voire indécent et constitue une violation contre la vie privée et la liberté d’autrui que garantit la nouvelle Constitution qui vient d’être promulguée. Les enseignants refusent de travailler sous l’œil invisible installé dans les couloirs”. En fait, le secrétaire de wilaya de l’Unpef Admane Sid Ali pose un problème de fond quant au cadre réglementaire inhérent à la mise en place et la gestion de caméras vidéo de surveillance dans les établissements scolaires. Selon lui, quand bien même le département de Nouria Benghebrit parviendra à promulguer demain une circulaire autorisant l’installation d’appareils de surveillance, la problématique restera entièrement posée, puisque la sécurité des écoles relève en réalité du ministère de l’Intérieur.
“Il importe de s’interroger : qui va gérer cet œil invisible ? Quels sont les endroits autorisés à être filmés ? Et enfin qui est habilité à accéder aux images emmagasinés et stockés dans la mémoire de la caméra ? Cela suppose un encadrement compétent et spécialisé. Si c’était vraiment le cas, beaucoup d’établissements scolaires souffrent à présent d’un manque d’encadrement par rapport à la carte scolaire et notamment les adjoints pédagogiques”. Le bureau de wilaya reprend la genèse de ce conflit qui couve depuis une année et demie dans cet établissement réputé si paisible, dans le passé. “À l’origine de cet état de crise entre les enseignants et la directrice, figurent les résultats des élections du bureau de wilaya des œuvres sociales, qui n’ont pas été du goût du chef d’établissement.
La directrice du CEM Guerbous, représentante de l’UGTA, s’est vue ‘battue’ par une enseignante affiliée au syndicat Unpef qui a raflé plus de voix que la directrice. Et depuis, l’anarchie et l’instabilité ont pris le dessus dans cet établissement, où la situation s’est envenimée, allant de mal en pis.” Plus loin, l’Unpef énumère dans le détail les multiples dépassements perpétrés par la directrice à l’encontre des enseignants. La directrice est accusée d’avoir “semé la zizanie et la fitna entre les enseignants et les adjoints de l’éducation. Elle a fait sien l’adage qui consiste à diviser pour mieux régner”, dit-on. La responsable de l’établissement Guerbous-Mohamed s’est rendu auteure également de “menaces et intimidations proférées publiquement à l’encontre des enseignants retardataires lorsqu’ils dépassent les 8h10mn”.
La directrice est ainsi pointée du doigt pour ponction de la prime de productivité à tort et à travers. “Est-il admis de prélever la prime à un enseignant sous prétexte que la vitre de la classe s’est brisée et dont il n’est nullement responsable”. En ce sens, les exactions de la directrice ne sont pas pour autant exhaustives, du fait qu’“elle a réussi à instaurer un climat de terreur contre les fonctionnaires même durant les horaires de pause-déjeuner”.
En consultant encore la longue liste des griefs retenus contre la directrice, on se demande si les chefs d’établissements scolaires sont inspectés et contrôlés d’une manière régulière par la tutelle.
H. H.