L’affaire des black-listés, en rapport avec son incidence sur l’Algérie, souffre de réponses ambiguës de la part de l’administration américaine.
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a souligné, avant-hier, le refus de l’Algérie de la politique du deux poids, deux mesures suite à l’inscription de l’Algérie sur la liste noire des pays à haut risque.
Pourtant, le ministre a qualifié, au même moment, les relations algéro-américaines d’«excellentes sur le plan bilatéral». C’est là, forcément, une réponse qui n’est pas claire et qui reste contradictoire, puisque la mesure américaine va imposer de facto des restrictions sur la circulation des citoyens algériens en déplacement aux Etats-Unis.
D’ailleurs, et selon des sources bien informées, les premières mesures de contrôle au niveau des aéroports américains sont d’une sévérité extrême à l’endroit des voyageurs appartenant aux pays portés sur la liste noire dressée par le département d’Etat américain. Ces mêmes voyageurs sont contrôlés même en plein vol et sont suspects lorsqu’ils font un déplacement d’un aéroport à l’autre.
Pour l’heure, les Etats-Unis restent inflexibles sur la décision qu’ils viennent de prendre, même si «ces mesures entrent dans le cadre d’un processus qui peut changer», pour reprendre l’émissaire américaine dépêchée à Alger. Mais ces mesures ne seront pas supprimées pour autant.
La diplomatie algérienne donne, à son tour, l’impression de tergiverser face à un problème crucial. A ce propos, il est à relever la réponse de Medelci sur les garanties reçues pour supprimer cette décision.
«Cette garantie est fondée sur la confiance, et c’est fort de cette confiance que nous trouverons des solutions plus conformes (…) pour lutter contre le terrorisme.» Une réponse qui reste évasive du moment que les Etats-Unis n’ont pas mis de gants pour affirmer que l’Algérie est pays abritant «un potentiel de terroristes» et donc un pays à risque sur le plan sécuritaire.
L’autre point qui n’a pas été soulevé lors des entretiens avec Sanderson concerne le «travel warning» qui reste en vigueur pour l’Algérie. Pourtant, et à plusieurs reprises, les officiels américains, lors de leurs visites, ont unanimement relevé «une amélioration sur le plan sécuritaire».
Dès lors, pourquoi la diplomatie algérienne est restée «muette» sur ce sujet ? Là encore, une réponse est primordiale pour lever les contradictions.
Se ressaisir sur le plan international
Profitant d’une promotion de secrétaires diplomatiques, notre ministre des Affaires étrangères est revenu sur le chantier de la modernisation de l’appareil diplomatique. Selon lui, «la diplomatie algérienne doit revêtir dans son agenda international le professionnalisme et la polyvalence». Une allusion claire aux attentes concernant la restructuration de toutes les ambassades et le rajeunissement des cadres.
A ce niveau, le contexte international, bousculé par le ravivement des tensions, rend nécessaire «un réajustement de l’action diplomatique».
Pour aborder le front international et régional, l’action diplomatique algérienne est appelée, selon les vœux du ministre, «à s’adapter avec l’évolution du climat mondial». En termes concrets, rien ne vaut la formation et le perfectionnement des cadres aussi bien au niveau des chancelleries que celui de l’administration centrale.
Il est à rappeler qu’une première action a été entamée il y a quelque temps en ce qui concerne la création d’un institut de hautes études et de formation de diplomates à Alger.
Il y a également l’élargissement de structures consulaires à l’étranger pour de nouvelles compétences spécialisées dans les affaires diplomatiques.
A travers cette action, l’idée est de renforcer les ambassades des pays revêtant une importance stratégique dans le cadre des relations bilatérales. L’Algérie, selon des spécialistes en politique étrangère, est obligée de créer «ses propres lobbies au sein des grandes instances».
Cette question se pose avec acuité actuellement, surtout lorsqu’il s’agit de dossiers relatifs à la réforme du Conseil de sécurité à l’ONU et à la présence dans certaines organisations puissantes ou à l’émergence de grands cartels régionaux.
Fayçal Abdelghani