Affaire des 198 conteneurs de bière avariée saisis depuis 2006 au port de Béjaïa: L’ex-DG de l’EPB au cœur d’un scandale

Affaire des 198 conteneurs de bière avariée saisis depuis 2006 au port de Béjaïa: L’ex-DG de l’EPB au cœur d’un scandale

Par KAMAL OUHNIA

Lorsqu’il avait monté son projet, en 2012, le jeune Boubekeur Lakhdari, qui avait créé une entreprise spécialisée dans la récupération des matières non métalliques recyclables, dans le cadre du dispositif Cnac de l’aide à l’emploi, n’a jamais imaginé un jour que son établissement allait se retrouver dans un imbroglio administratif l’ayant conduit droit vers la faillite.

Les déboires de M. Lakhdari ont commencé, en août 2015, soit une année après avoir conclu un marché selon la procédure de gré à gré avec l’entreprise portuaire de Béjaïa, sous le contrôle de Djelloul Achour, alors directeur général de l’EPB.

En effet, le jeune promoteur avait signé, le 11 août 2014, une convention avec la direction de l’EPB, dont l’objet porte sur les modalités relatives à une opération de destruction de quelque 198 conteneurs de bière avariée qui se trouvaient en souffrance au port de Béjaïa depuis 2006. Notons que cette importante quantité de boissons alcoolisées, de marque Royal Star, a été importée d’Espagne par des commerçants de Béjaïa. Selon les termes de ce contrat commercial, dont nous détenons une copie, deux conteneurs ont déjà  été détruits par BMT (Béjaïa Mediterranean Terminal), une filiale de l’EPB, en déversant leur contenu dans des cuves, puis à la décharge publique de Boulimat, sur la côte ouest béjaouie. Toutefois, la procédure s’est avérée à la fois “longue et coûteuse”. En plus, les services de la Direction de l’environnement ont refusé le déversement de ce produit déclaré impropre à la consommation, dans la décharge publique de Boulimat. D’où l’arrêt de cette opération qui sera ensuite confiée à l’entreprise Lakhdari, laquelle s’est proposée pour la prise en charge de cette opération, consistant en la destruction de la bouteille en verre et le traitement du liquide.

Ainsi, l’établissement Lakhdari, qui comptait une dizaine d’employés, a réussi à traiter une moyenne de huit conteneurs par mois. Sachant que chaque conteneur contient une quantité de 72 000 bouteilles de bière environ. “Outre l’opération de traitement de la boisson alcoolisée (bière) qu’il faudrait transformer en eau douce, notre prestation de service consistait en la destruction de pas moins de 2 000 tonnes de verre (contenant)”, a fait savoir Boubekeur Lakhdari.

Néanmoins, une année après la passation de ce marché public, soit en août 2015, l’établissement Lakhdari s’est vu déloger de force du hangar sis au poste 19, dans l’arrière-port de Béjaïa, et qui s’est avéré une propriété de l’Entreprise de réparation navale (Erenav). Selon le gérant de l’établissement Lakhdari, du jour au lendemain, son entreprise se retrouve en cessation d’activité, mettant au chômage une dizaine de familles. “Je suis victime d’une mise en faillite orchestrée par l’ex-DG de l’EPB qui est seul responsable de mon malheur. Mon investissement, qui s’élève à quelque 850 millions de centimes, s’est effondré tel un château de cartes ! J’ai frappé à toutes les portes, mais hélas ! je suis livré à moi-même”, se lamente notre interlocuteur.

En janvier 2017, après l’échec de toutes les tentatives de règlement à l’amiable de ce litige, M. Lakhdari a été contraint de saisir la justice et porter l’affaire devant la section commerciale près la cour de Béjaïa. Celle-ci a fini par ordonner une expertise judiciaire, en désignant, le 21 novembre 2017, un expert spécialisé dans la maintenance industrielle.

Cependant, l’affaire n’a pas connu encore son épilogue, dès lors que le dossier du plaignant demeure toujours en stand-by. Ce dernier, visiblement déterminé à aller jusqu’au bout de ses droits, affirme avoir décidé à déposer incessamment une plainte contre la personne de Djelloul Achour, en sa qualité d’ancien premier responsable de l’EPB.

Il est à noter qu’une machine de recyclage de déchets (broyeur de verre) appartenant à l’établissement Lakhdari, qui coûte plus de 400 millions de centimes, est toujours séquestrée dans l’enceinte portuaire. “J’assiste impuissant à la détérioration de mes équipements et à la ruine de mon entreprise, alors que les pouvoirs publics continuent de faire la sourde oreille et afficher une indifférence totale face à une telle affaire”, s’indigne M. Lakhdari.

K. Ouhnia