Affaire des 124 milliards saisis : les dessous et secrets d’une opération à la « Hollywood »

Affaire des 124 milliards saisis : les dessous et secrets d’une opération à la « Hollywood »
124 milliards de centimes et plus de 1 million d’euros saisis au port de Mostaganem le mois d’août dernier

Le 26 août dernier, la Cour d’Alger a annoncé le démantèlement d’un réseau de blanchiment d’argent et la saisie de 124 milliards de centimes et de plus d’un million d’euros. Le juge d’instruction près le pôle économique et financier avait ordonné la mise en détention provisoire de 9 suspects, tandis que deux autres demeurent en fuite.

Le réseau comprend 4 fonctionnaires et 5 opérateurs économiques, dont deux membres en fuite. Dans la foulée, une enquête préliminaire a été ouverte par la division régionale de lutte contre le crime organisé de l’ouest (Oran), relevant de la Direction générale de la sûreté nationale et supervisée par le parquet économique et financier. Cette enquête a permis de mettre au jour une organisation criminelle structurée spécialisée dans le blanchiment d’argent et d’importantes sommes en dinars et en devises ont été saisies.

Selon le pôle économique et financier, les saisies s’élèvent à 1 239 841 500 DA (environ 124 milliards de centimes), plus de 1 million d’euro, 94 400 dollars américains, 4 300 riyals saoudiens, 500 dirhams émiratis et 200 francs suisses, ainsi que 14 véhicules de tourisme.

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Après leur présentation au parquet, les suspects ont été poursuivis dans le cadre d’une information judiciaire pour blanchiment d’argent au sein d’un groupe criminel organisé en utilisant les facilités d’une activité professionnelle, acceptation d’avantages indus, abus de fonction et octroi d’avantages indus par un fonctionnaire public.

Les incroyables dessous de l’affaire

Selon le média arabophone Echourouk, tout a débuté un soir dans la commune de Djdiouia (wilaya de Relizane), lorsqu’un quartier résidentiel a été secoué par une tentative de vol avortée. Un individu avait tenté de s’introduire dans une maison apparemment banale, mais celle-ci était équipée d’un système de sécurité insolite : une alarme diffusant un gaz toxique dès qu’une intrusion est détectée. À peine l’alarme déclenchée, le cambrioleur a rendu son dernier souffle sur place.

Ce qui paraissait être un simple fait divers allait en réalité devenir la clé pour dévoiler l’un des réseaux de corruption et de contrebande les plus complexes. Le propriétaire de la maison n’était pas un citoyen ordinaire, mais un officier de sécurité. Selon l’enquête, celui-ci, conscient de la gravité de la situation, a tenté de se débarrasser de « lourds secrets » en contactant immédiatement un ami pour lui demander de transférer des objets sensibles vers un appartement qu’il possédait à Oran.

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Un camion de déménagement est arrivé sur les lieux dans ce qui semblait être un simple « déménagement domestique ». Mais la scène a rapidement pris une tournure dramatique. Le propriétaire, agent de sécurité, ouvrait la route au volant de sa voiture, suivi du camion. Arrivés à un barrage de la Gendarmerie nationale, il a demandé au chauffeur de changer d’itinéraire vers Mostaganem.

Ce revirement a éveillé les soupçons du chauffeur, qui a pensé être impliqué dans un trafic de drogue. Pris de panique, il a tenté de fuir, déclenchant une course-poursuite spectaculaire digne d’Hollywood, qui s’est terminée par un grave accident impliquant l’agent de sécurité.

Convaincu d’être mêlé à quelque chose de bien plus grave qu’un déménagement, le chauffeur s’est précipité au commissariat pour signaler qu’il avait été utilisé dans une « opération mystérieuse ». Lors de la fouille du camion, la découverte a été fracassante : 124 milliards de centimes en espèces soigneusement emballés dans des valises et des sacs.

En poursuivant les investigations et en perquisitionnant le domicile de l’agent de sécurité, les policiers ont mis la main sur une autre importante somme d’un million d’euros en liquide.

D’autres détails de l’enquête

L’enquête a également révélé que la maison en question n’était pas enregistrée à son nom, mais au nom d’un serveur de café. Ce qui a renforcé les soupçons de vastes opérations de dissimulation.

Quant à la provenance de l’argent, les investigations ont montré qu’il provenait d’un réseau complexe de corruption impliquant notamment le frère de l’agent de sécurité, employé au port de Mostaganem, ainsi que plusieurs agents des douanes déjà incarcérés pour des faits graves.

Les enquêtes approfondies ont établi que ce réseau opérait dans l’importation de véhicules, à raison d’environ 200 voitures par semaine, passant par le port avec une facilité suspecte grâce à une sous-évaluation systématique des valeurs douanières. Ces dossiers ont été traités par le pôle économique et financier dans le cadre de « scandales liés aux opérations douteuses de dédouanement de véhicules importés, à la falsification de factures et à l’évasion fiscale ».

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