Affaire de pédophilie de Annaba,Mandat de dépôt pour six mis en cause

Affaire de pédophilie de Annaba,Mandat de dépôt pour six mis en cause

Au cinquième jour de sa découverte à Annaba, l’affaire du pédophile et réalisateur de films du même genre, le français Jean-Michel B. commence à livrer ses premiers secrets.

Les auditions des principaux accusés et témoins au nombre d’une trentaine ont débuté dans l’après-midi de mardi dernier et se sont poursuivies hier matin. Six mis en cause ont été mis sous mandat de dépôt par le procureur de la République près le tribunal de Annaba qui avait fort à faire pour interroger tout ce beau monde, composé d’une trentaine de personnes entre accusés et témoins. Outre le Français, il y a, en effet, un vice-président de l’Assemblée populaire communale (APC) de la quatrième ville du pays, cinq gynécologues, un dentiste, un homme d’affaires, un imam et le gardien de la villa où se déroulaient les actes infâmes, des femmes introduites dans des rouages administratifs, des infirmières d’une clinique privée. Les ébats enregistrés mettaient en scène, à leur insu, une quinzaine de filles mineures dont certaines avaient à peine 15 ans avec des hommes les dépassant souvent de plusieurs décennies. L’accusé principal et son chauffeur personnel, l’élu de l’APC, un professeur de gynécologie, une employée de la wilaya et le gardien de la villa ont été placés sous mandat de dépôt mardi en fin de soirée. La justice a décidé de confronter, aujourd’hui jeudi, ces derniers au reste du groupe qui a reçu une convocation pour comparaître le même jour. Le Français qui répond au nom de Jean-Michel B., la soixantaine, arrivé à Annaba il y a près d’une année et ayant créé une société de tourisme et de mannequins, avait tissé un réseau de rabatteuses et de protecteurs pour arriver à ses fins : réaliser des films pornographiques avec des mineures à des fins lucratives. Il les destinait à un réseau français et par extension européen de personnes dépravées, selon une source proche de l’enquête. Et, le plus grave, c’est qu’à Annaba, il trouvait des collaborateurs dans des milieux d’élus, de praticiens et d’hommes d’affaires. Ils sont cinq gynécologues (près du tiers de ceux en exercice à Annaba) pour pratiquer des avortements, de faux certificats de virginité et/ou des réparations d’hymens déchirés, un édile de premier ordre, d’autant plus candidat aux élections législatives du 10 mai prochain sous l’étiquette du Front de libération nationale (FLN), un dentiste et des hommes d’affaires connus. Certains seraient mis en cause dans les ébats filmés avec les mineures, alors que d’autres étaient rétribuées en devises fortes ou ayant bénéficié de visas pour services rendus. Aux adolescentes, outre des devises, il est miroité des situations de rêve pour des êtres fragiles, encore sans discernement des réalités de la vie; du bien et du mal. Le pervers présumé leur assurait d’en faire des mannequins ou comédiennes de renom. S’agit-il du même personnage ayant vécu en Tunisie du temps de Ben Ali, et dont un mandat d’arrêt le concernant aurait été lancé par la justice post-révolution du jasmin pour des pratiques aussi graves sinon plus que celles de Annaba. Toujours est-il que Jean-Michel B. avait trouvé des facilités à Annaba, sinon comment expliquer les faits de cette extraordinaire histoire ayant entaché une ville, certes, connue pour son ouverture sur l’extérieur, mais qui a quand même gardé, à l’instar des autres villes d’Algérie, les traditions de l’honneur et de la hechma.

A. Bouacha