Désavoué publiquement par le ministre de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia, dans cette curieuse affaire des dénonciations de la gestion, Ahmed Bencherif ne semble pas prêt de revenir sur ses accusations et préparerait « une riposte publique en pleines législatives ».
Selon des sources familiales, le colonel à la retraite et ancien patron de la Gendarmerie nationale, Ahmed Bencherif, «est en train de préparer un lourd dossier contenant des preuves accablantes sur la gestion calamiteuse de l’ancien wali de Djelfa».
S’incrustant épisodiquement dans l’actualité nationale, au gré des échéances électorales, il avait accusé Hamou Ahmed Touhami, l’actuel wali de Béjaïa, au moment où il était en poste à Djelfa, de «graves manquements», d’ «entourloupes» et de «mauvaise gestion», voire de «corruption» et de «gestion calamiteuse», affirmant détenir des dossiers «lourds» qu’il mettrait sur la place publique en temps opportun.
Désavoué publiquement par le ministre de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia, dans cette curieuse affaire de dénonciations de la gestion, Ahmed Bencherif ne semble pas prêt de revenir sur ses accusations et préparerait «une riposte publique en pleines législatives ».
Le colonel Bencherif, 84 ans, homme fort de Djelfa, ancien patron de la Gendarmerie nationale accuse publiquement l’ex-wali de Djelfa, Hamou Ahmed Touhami, muté à Béjaïa, il y a une année, de corruption et exigeait une enquête sur des dossiers précis.
Une demande qui aurait été déjà appuyée par certains des responsables actuels de la wilaya de Djelfa. Une commission interministérielle à Djelfa avait été mise sur pied pour constater le bien-fondé des accusations. Ses résultats n’ont pas satisfait le ministre de l’Intérieur, et celui-ci ne s’était gêné pour dire que « le dossier Bencherif était une coquille vide ».
La poussée de Ahmed Bencherif et les accusations de corruption, portées publiquement contre Hamou Ahmed Touhami dans une lettre ouverte publiée par voie de presse semblent obéir à un timing que lui seul connaît. Rarement un wali fut accusé de corruption aussi publiquement et de manière frontale.
Cette grave accusation, dont le wali de Béjaïa a pris connaissance alors qu’il était à Bordj Bou Arréridj, prenant part à une rencontre régionale du Cnes regroupant des responsables et élus de neuf wilayas de l’Est, a pris subrepticement les allures d’une affaire nationale, et au moment où la Présidence de la République menait la guerre contre la corruption, il était de bon ton d’y ajouter foi. Mais aujourd’hui que le ministre de l’Intérieur le désavoue, Bencherif est acculé dans son coin, mais semble préparer, avec la mobilisation de tous ses réseaux, hyperpuissants et omniprésents à Djelfa, une réponse qui lui rendrait crédibilité et stature.
Il laisse croire qu’il a des choses à révéler sur un wali qui «risque de faire autant de mal à Béjaïa ». Hamou Ahmed Touhami qui a bouclé sa première année à la tête de l’exécutif de Béjaïa en octobre dernier, devra présenter son bilan annuel devant les élus de l’APW en mars prochain. Les délais du « choc » correspondent au début des législatives.
Le dossier présenté par le colonel Bencherif à la commission d’enquête, diligentée par le ministère de l’Intérieur, « sera bientôt rendu public pour peu que les conditions soient réunies pour se faire », nous a assuré l’entourage du colonel.
Le colonel, en disgrâce avec le président de la République depuis 1999, avait retrouvé ses marques en 2004, justement en apportant son soutien et celui de sa puissante tribu, hégémonique chez les Ouled Naïl, surtout lors du meeting présidentiel à Djelfa, auquel Bencherif était convié et a été solennellement salué par le Président. Personnage au crépuscule de sa vie, mais qui a été un puissant homme du pouvoir durant les années soixante et soixante-dix, sous Boumedienne, Bencherif fait, depuis 2002, des « sorties médiatiques » flamboyantes, qui finissent toujours par s’oublier.
La parution, il y a quelques années d’un livre autobiographique, « Parole de baroudeur », lui avait assuré quelque notoriété avant qu’il ne retombe de nouveau dans l’oubli. Seulement, Bencherif ne semble pas être l’homme à se faire oublier…
F.O.