Encore une fois, le ministère des Affaires religieuses et des Waqfs en Algérie montre ses limites face aux problèmes posés par la société en cultivant le silence sur certaines questions d’actualité comme c’était le cas sur la polémique qui a entouré la photo concernant le passeport biométrique, la viande congelée importée de l’Inde et actuellement, l’affaire de
la construction de la mosquée du village Aghrib à 45 km au nord-est de Tizi Ouzou.
Trois sujets qui sont tombés dans la polémique «religieuse et politique». Ainsi, au moment où les habitants d’Aghrib sont en train de vivre un vrai cauchemar à cause d’un conflit autour de la construction d’une mosquée, un conflit dans lequel la récupération partisane et le salafisme jouent un grand rôle, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Bouabdallah Ghlamallah, ayant attendu que les journalistes posent la question afin qu’il se prononce sur l’affaire d’Aghrib.
A l’issue de son déplacement lundi dernier à Kheraissia (Alger) où il a posé la première pierre d’une mosquée et inauguré deux autres mosquées dans la même commune et à Baba Ali, Ghlamallah a été interrogé sur l’incident relatif à l’empêchement de la construction d’une mosquée à Aghrib dans la wilaya de Tizi Ouzou. Et comme réponse, il a déclaré qu’«il faut apaiser les esprits» et «garantir la sécurité avant la construction de la mosquée».
Selon le représentant du gouvernement «la question ne nécessite pas l’envoi d’une commission d’enquête dans la région. Elle peut être réglée entre les sages du quartier pour éviter tout sectarisme et ne pas compliquer les choses».
Ainsi, Ghlamallah préfère ne pas mêler les autorités à une affaire qu’il croit probablement «interne» et pense que ce conflit déclenché depuis maintenant plus de deux mois peut être réglé au sein du village afin d’éviter «de compliquer la situation».
Cependant, le ministre oublie que ce village fait partie de l’Algérie, donc ses citoyens ont le droit d’être protégés par les autorités contre déjà l’usage politique de l’affaire et en plus de la montée du salafisme qui menace toute la Kabylie.
Il faut rappeler que mardi 10 août, l’affaire de la mosquée d’Aghrib a connu un nouveau rebondissement qui a vu l’éclatement d’affrontements violents entre des villageois et des membres de l’association religieuse. A noter que c’est cette dernière qui a pris l’initiative de construire une nouvelle mosquée «sans l’aval du comité du village».
En tout cas, les piliers de la future mosquée ont été démolis. Dans un communiqué rendu public, le 12 août, le comité du village d’Aghrib a appelé «au bannissement des salafistes du village qui ont entrepris, sans l’aval de la communauté villageoise, de lancer un projet de construction d’une nouvelle mosquée».
Selon la même source «face à tant d’outrecuidances et au mutisme des autorités, les citoyens d’Aghrib ont assumé leurs responsabilités et se sont définitivement débarrassés de la verrue salafiste». Le comité a regretté la «complaisance» de la wilaya.
Il déplore également ce qu’il appelle «une justice aux ordres qui a encouragé ces mercenaires à monter au créneau» avant de conclure que «le salafisme ne se substituera jamais à l’Islam tolérant des anciens et ils assurent de leur soutien sans faille tous les villages menacés par ce fléau».
Par ailleurs, le psychiatre et leader du RCD, Saïd Sadi qui est l’enfant du village d’Aghrib, s’est impliqué dans cette affaire d’empêchement de la construction d’une mosquée et un député RCD était parmi les personnes ayant procédé au saccage et à l’incendie systématique de la mosquée. Mais pourquoi le RCD se mêle-t-il de cette affaire ? Est-ce que c’est par conviction de limiter le salafisime dans la région ? S’agit-il de récupération politique ? Ou bien Saïd Sadi croit que ce village est sa propriété ? Peut-être est-ce tout cela à la fois.
Le problème est de savoir où est la place des autorités dans ce qui se passe, sachant que la Kabylie connaît depuis ces dernières années une montée du terrorisme, banditisme en plus de l’absence d’une implication positive des formations politiques qui ne se souviennent de cette région qu’au moment des élections législatives et municipales.
Par Nacera Chenafi