Près de 2000 personnes se sont rassemblées pacifiquement à Casablanca, mardi soir, toutes générations et horizons confondus, pour réclamer dignité et justice suite au scandale de Daniel Gate. Le roi Mohammed VI et Fouad Ali El Himma n’ont pas échappé aux slogans des manifestants mais les forces de l’ordre ne sont pas intervenues, a rapporté le site d’information Lakome.
Selon la même source, la place Mohammed-V de Casablanca était toute illuminée mardi soir. «Fleurs et bougies étaient distribués aux manifestants qui affluaient tout au long de la soirée pour participer au rassemblement.
Une ambiance bon enfant permise par la bonne conduite des forces de l’ordre, qui encadraient la place mais avaient visiblement reçu l’ordre de laisser le sit-in se tenir.» Le site ajoute : «Les slogans scandés, très directs, ont porté sur l’indépendance de la justice, la dignité et la justice sociale.
Des excuses de Mohammed VI ont également été réclamées et des slogans adressés au souverain et à son conseiller Fouad Ali El Himma, «Malik shouah bina» (le roi nous a mis la honte), «El Himma dégage».
A Tanger aussi le sit-in prévu a réuni au départ plusieurs centaines de personnes et s’est déroulé sans incidents. Par ailleurs, l’Association de défense des droits de l’Homme au Maroc a réclamé, mardi depuis Paris, des excuses et une demande «officielle» de la part du roi du Maroc aux victimes du pédophile espagnol gracié, à leurs familles et au peuple marocain dont la «dignité a été souillée».
Tout en se déclarant «indignée» et «scandalisée», l’Association a, dans un point spécial de la situation des droits de l’homme au Maroc, dont une copie a été remise à l’APS, exprimé sa solidarité avec les enfants victimes du pédophile et de leurs familles, se joignant au mouvement de protestation populaire pour dire sa «ferme condamnation des actes du pédophile et de sa grâce».
Tout en estimant que le désormais ex-délégué général de l’administration pénitentiaire n’est qu’un des responsables de cette situation dans les prisons marocaines, l’Asdhom exige une «vraie commission d’enquête impartiale» pour déterminer toutes les responsabilités dans cette affaire et la mise en œuvre de la révision nécessaire de la procédure des grâces en garantissant son équité et surtout sa transparence et pour «mettre fin à l’impunité dont jouissent jusqu’à maintenant des criminels».
Elle réclame aussi une commission d’enquête sur les «exactions et la répression féroce» qui ont accompagné les rassemblements pacifiques de dénonciation, organisés vendredi dernier à travers différentes villes du Maroc, et la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion, les vraies victimes de la répression, et l’arrêt des poursuites contre les militants, les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes indépendants «qui ne courbent pas l’échine».
«Qui dirige le pays alors ?»
De son côté, la secrétaire générale du Parti socialiste unifié (PSU), Nabila Mounib, qualifie l’élite politique marocaine «d’hypocrite et d’opportuniste» et exige des excuses publiques de la part du roi à l’ensemble du peuple marocain. La secrétaire générale du PSU, qui s’est exprimé dans un entretien à Lakome, s’est dite étonnée du contenu du communiqué du Cabinet royal qui insiste sur la méconnaissance du roi vis-à-vis des crimes commis par le violeur d’enfants marocains.
La patronne du PSU
s’exclame : «Tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains du roi et celui-ci, lors du dernier discours du Trône, prend des airs de guide porteur de visions qui donne des instructions et quand un dossier de cette ampleur surgit, on nous dit qu’on n’est pas au courant ? Qui dirige le pays alors ?».
Nabila Mounib déclare que le roi est responsable de ce qui s’est passé car, selon elle, il est tenu de faire vérifier, au cas par cas, les dossiers des grâces avant de les signer. Nabila Mounib a, par ailleurs, demandé au roi de «présenter ses excuses» sous la forme d’un discours officiel ou à travers un communiqué adressé «au peuple marocain qui a été blessé dans son amour-propre», a-t-elle ajouté.
A. M.