EDITORIAL. Silence, mépris, condescendance et quelques grammes de compassion. Voilà ce que récoltent les anciens internationaux algériens lorsqu’ils évoquent le cas de leurs enfants gravement affectés par des handicaps physiques et mentaux. C’est comme si les officiels pressaient sur le couvercle de la marmite pour que celle-ci ne puisse pas éclater.
Silence, mépris, condescendance et une compensation financière. Voila donc ce que récoltent les ex-joueurs de l’équipe nationale lorsqu’ils interpellent les responsables pour réclamer une enquête sur le dopage présumé dont ils auraient été victimes durant les années 1980.
Pourtant, les faits sont aussi graves et dramatiques que sont les douleurs dans lesquelles les familles de ces joueurs sont plongées depuis au moins deux décennies.
Depuis une dizaine de jours, les témoignages et les révélations de certains internationaux s’accumulent dans les colonnes de la presse algérienne et internationale.
Depuis une dizaine de jours, des joueurs qui ont fait la gloire du football algérien expliquent aux journalistes qu’ils ont donné naissance à des enfants souffrants de déficiences mentales et physiques.
Les confessions poignantes de ces pères meurtris dans leurs chairs, brisés dans leurs vies, donnent une infime plongée dans les drames que vivent ces familles au quotidien.
Certains ont perdu un enfant, d’autres doivent vivre avec un ou deux enfants déficients.
Ces pères nous expliquent que ces handicaps qui frappent leurs progénitures pourraient être liés à des produits dopants qu’ils avaient pris à l’époque où ils jouaient au sein de la sélection nationale de football.
Sans prétendre détenir des preuves formelles sur ce dopage présumé, ils affirment néanmoins nourrir de sérieux soupçons sur la nature des produits que les médecins de l’équipe nationale leur faisaient administrer.
Certains, à l’instar de Kaci Said et de Djamel Menad, qui ont participé au mondial du Mexique en 1986, évoquent des pilules de différentes couleurs mises à leur disposition par ces médecins.
Ils nomment à ce propos un médecin russe, Alksander « Sacha » Tabarchouk. Celui-ci s’est expliqué dans la presse pour rejeter les accusations de dopage. Fort bien.
Encore heureux que notre confrère DZfoot ait fait son travail d’investigation pour retrouver sa trace et nous livrer son témoignage.
A ce stade de l’affaire, car s’en est bien une malgré l’omerta qui l’entoure, l’ouverture d’une information judiciaire s’impose. Face au tombereau de témoignages et de révélations, une réaction officielle s’impose.
Mais voila ! Le ministère de la Jeunesse et des Sports, le département de tutelle, se bouche les oreilles. Le ministère de la Justice? Il se terre. Le gouvernement, dans son ensemble, se met aux abris.
C’est comme si les officiels pressaient sur le couvercle de la marmite pour que celle-ci ne puisse pas éclater.
Ouvrir une vraie enquête judiciaire sur cette affaire est une nécessité. Une exigence. Pour permettre à l’opinion publique et à ces anciennes gloires qui ont tant donné pour les couleurs de l’Algérie de connaitre la vérité.
