Affaire Belghit : le CNES répond au doyen de l’Université de Chlef

Affaire Belghit : le CNES répond au doyen de l’Université de Chlef

Nouveau développement dans l’affaire Belghit. Le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a exprimé, à travers un communiqué publié hier, samedi, son indignation face à la directive émise par le doyen de la Faculté des sciences sociales et humaines de l’Université de Chlef.

Cette directive, datant du 8 mais 2025, interdisait aux professeurs du département d’histoire de l’université Hassiba Ben Bouali de Chelf de faire des déclarations aux médias étrangers sans autorisation préalable de l’administration. Document dont certaines interprétations ultérieures ont tenté d’en nuancé le contenu.

Dans un communiqué publié samedi (10 mai 2025), le Conseil a qualifié cette mesure de « précédent très grave« , tant au niveau national qu’international. Selon le CNES, cette décision risque de porter atteinte à la réputation de l’université algérienne sur la scène internationale, en plus d’exposer l’institution à la moquerie et au dénigrement.

Le CNES dénonce une grave atteinte à la réputation de l’Algérie

Le Conseil, présidé par Abdelhafid Milat, a rappelé que « les libertés académiques en Algérie constituent un droit constitutionnel et humain fondamental pour les membres de la communauté académique », conformément à l’article 75 de la Constitution algérienne.

Ces libertés leur permettent d’exercer leurs fonctions académiques et de recherche librement et sans censure ni restriction, à condition de ne pas porter atteinte à l’ordre public ou aux droits d’autrui. Selon le CNES, ce droit comprend la liberté de recherche, de pensée, d’opinion et d’expression ainsi que la liberté d’enseignement et de prise de décision académique.

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« Cette initiative étrange du doyen de la faculté d’histoire des sciences humaines (de l’Université de Chlef) s’inscrit en total porte-à-faux avec la politique du ministère et celle de l’université », souligne le Conseil qui tient le doyen responsable d’avoir « gravement nui à la réputation de l’Algérie d’abord, de l’université algérienne ensuite ».

Dans ce qui semble constituer une référence directe à l’affaire du professeur d’histoire Mohamed Amine Belghit, le communiqué précise : « Si une infime proportion de professeurs d’université ont été induits en erreur par des médias étrangers, la grande majorité des académiciens algériens ont toujours été la voix qui défend l’Algérie, ses principes, sa politique étrangère et intérieure. »

L’Université de Chlef clarifie la situation

Pour rappel, la Faculté des sciences humaines et sociales de l’Université de Chlef avait émis une directive interdisant aux professeurs du département d’histoire de faire des déclarations aux médias étrangers sans autorisation préalable de l’administration. La faculté a justifié cette décision par la nécessité de protéger l’image de l’institution et d’assurer la cohérence du discours académique avec les orientations de l’État.

Cette mesure a suscité une vive controverse dans le milieu universitaire. Devant cette situation, l’administration de l’université a publié un communiqué dans lequel elle a précisé que cette restriction ne concernait que les déclarations faites au nom de l’université. Elle a ensuite souligné qu’elle « n’empêchera jamais les membres du corps enseignant de faire des déclarations ou de participer aux médias nationaux ou étrangers, dans le respect de la liberté d’expression garantie par la Constitution algérienne ».

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Cette affaire est directement liée au cas du professeur Mohamed Amine Belghit qui a fait des déclarations polémiques à la chaîne émiratie, Sky News Arabia. Il avait alors nié l’existence de la langue amazighe en Algérie, la qualifiant de « fabrication sioniste et française« . Ces propos l’ont conduit à des poursuites judiciaires pour des accusations graves, notamment : atteinte à l’unité nationale et diffusion de discours de haine. L’historien a été placé en détention provisoire suite à ces accusations.