La militante sahraouie Aminatou Haïder, qui entame son vingt-cinquième jour de grève de la faim, est l’objet d’une mobilisation internationale sans précédent. De tous les coins du monde, des voix et pas des moindres mettent la pression sur le régime marocain pour permettre à la “Ghandi” du Sahara occidental de pouvoir rentrer chez elle.
Le président de la Rasd, Mohamed Abdelaziz, qui n’a cessé de multiplier des appels aux grands de ce monde, a saisi jeudi le secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon, lui demandant d’intervenir “d’urgence” pour sauver la vie de la militante sahraouie des droits de l’homme, Aminatou Haïder, en grève de la faim depuis 25 jours, tout en dénonçant “le crime abject” commis par les autorités marocaines à l’encontre d’une dame connue pour son militantisme pacifique et civilisé.
“La citoyenne et militante des droits de l’homme, Aminatou Haïder, attend votre intervention urgente pour mettre un terme à l’injustice qu’elle subit et nous vous appelons à intervenir d’urgence pour prendre toutes les mesures nécessaires pour sauver la vie de cette âme innocente dont le seul tort est d’avoir défendu les principes et la charte des Nations unies”, a écrit le président Abdelaziz dans un message adressé au secrétaire général de l’ONU. Pour sa part, la présidence de l’Union européenne a exprimé jeudi soir son inquiétude au sujet de l’état de santé d’Aminatou Haïder.
“La présidence de l’Union européenne, au vu de la situation de Mme Aminatou Haïder, exprime son inquiétude pour la santé de cette dernière, et appelle les autorités marocaines à respecter leurs obligations internationales relatives aux droits de l’homme”, écrit la présidence dans un communiqué. Elle appelle également le Maroc “à coopérer avec les autorités espagnoles afin qu’une solution positive soit trouvée à sa situation”. C’est dans cette même démarche que s’inscrit l’appel des trois prix Nobel : l’allemand Günter Gras, l’italien Dario Fo et le portugais Jose Saramago au roi de l’Espagne Juan Carlos.
“Nous souhaitons solliciter une intervention explicite de la Maison royale d’Espagne auprès du monarque marocain”, écrivent-ils dans une lettre présentée lors d’une rencontre tenue au Cercle des beaux-arts, un haut lieu de la culture à Madrid. “Nous ne pouvons pas rester silencieux, tandis que Aminatou est sur le point de mourir”, ajoutent-ils dans leur lettre lue par le célèbre cinéaste espagnol Pedro Almodovar, en présence de nombreux artistes, comédiens, syndicalistes et autres citoyens anonymes, tous membres de la plateforme de soutien à l’activiste sahraouie. Les organisations des droits de l’homme ne sont pas en reste de ce front en faveur d’Aminatou Haïder. C’est en l’occurrence le cas pour la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) qui a appelé “instamment” le Maroc à garantir le retour dans les “plus brefs délais” de la militante sahraouie des droits de l’homme, Mme Aminatou Haïder, à El-Ayoun.
La FIDH a également exprimé sa “vive inquiétude” sur l’état de santé de Mme Haïder qui “s’est considérablement dégradé” depuis qu’elle a entamé sa grève de la faim, le 16 novembre dernier à Lanzarote (Espagne), ajoutant que ses organisations sont également “préoccupées” du fait que le compte bancaire de Mme Haïder a été bloqué, “la plaçant ainsi que sa famille dans une situation de précarité”. Amnesty international a réitéré, dans un communiqué, son appel aux autorités marocaines pour permettre le retour “immédiat et inconditionnel” de Mme Haïder à El-Ayoun occupée, et lui rendre son passeport.
“Le Maroc ne doit pas considérer l’appui pacifique à l’autodétermination du Sahara occidental comme un crime ou une menace pour la sécurité nationale. Bien au contraire, il doit garantir le droit à la liberté d’expression de ces personnes”, a souligné le directeur d’Amnesty International pour l’Espagne
R. N. /APS