Affaire Ali Tounsi et la société ABM,16 cadres de la police devant le juge

Affaire Ali Tounsi et la société ABM,16 cadres de la police devant le juge

P110907-19.jpgDix-neuf personnes, dont seize cadres de la police, passeront à la barre pour répondre d’une affaire qui n’a pas livré tous ses secrets.

Il s’agit de l’affaire de passation de marchés de gré à gré entre la Dgsn dirigée à l’époque par le défunt Ali Tounsi et la société ABM. Le procès de ces 19 mis en cause se tiendra aujourd’hui. Le tribunal correctionnel de Sidi M’hamed se penchera sur ce dossier de «passation douteuse» de marchés d’équipements informatiques entre la Direction générale de la Sûreté nationale et la société privée Algeria Business Multimedia (ABM), leader de la distribution informatique en Algérie. Les cadres de la Sûreté nationale au nombre de 16, seront jugés pour violation du Code des marchés publics, dilapidation des deniers publics et trafic d’influence.

Parmi les accusés il y a l’ancien colonel Chouaïb Oultache, principal mis en cause dans l’assassinat le 25 février 2010 de l’ex-directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi. Oultache aurait, selon le dossier judiciaire, exercé son influence sur la commission d’évaluation technique des offres où il siégeait pour choisir la société ABM dans laquelle son gendre est actionnaire et également directeur général adjoint.

Pour les avocats de la défense, il n’y aurait pas eu «de violation de la réglementation des marchés» ni «collusion d’intérêts» puisque le gendre d’Oultache ne détenait que 1,2% des actions d’ABM. Ils auront ainsi à démêler les fils enchevêtrés de cette affaire dont semble dépendre le procès de l’assassinat de Tounsi.

Quant aux trois autres prévenus, qui sont les premiers responsables d’ABM, ils sont accusés de complicité de dilapidation de deniers publics. L’affaire concerne des marchés de fourniture de matériels informatiques attribués de gré à gré à la société ABM, après un appel d’offres déclaré infructueux. Cette affaire a rebondi en août dernier quand Mohamed Antri-Bouzar, président du conseil d’administration de la société informatique ABM, a été arrêté et placé sous mandat de dépôt par un juge du tribunal de Bab El Oued, à Alger.

Les sources judiciaires avaient alors indiqué que cette procédure entre dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de l’ex-Dgsn Ali Tounsi. Le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, est décédé jeudi 25 février 2010, a annoncé le ministère de l´Intérieur et des Collectivités locales dans un communiqué.

L’ex- patron de la police Ali Tounsi a été assassiné dans son bureau après avoir régné pendant 15 ans à la tête de ce corps de sécurité. Le présumé assassin n’est autre que son proche collaborateur, le colonel Chouaïb Oultache.

En décembre 2010, les recours contre le non-respect dans la forme des actes de l´instruction et vice de forme dans la procédure, ont été rejetés en bloc par la Cour suprême. Cette haute institution judiciaire a rejeté, jeudi dernier, le pourvoi en cassation introduit par la défense de l´auteur présumé de l´assassinat du Dgsn Ali Tounsi, le colonel Chouaïb Oultache, selon le quotidien électronique TSA, citant une source judiciaire. Elle a de même rejeté le recours des avocats de la famille du défunt Ali Tounsi, d´après la même source.

La défense d´Oultache avait même menacé de recourir aux instances internationales de justice, après épuisement des voies internes. S´agissant de la famille du défunt Ali Tounsi, elle reproche au juge d´instruction d´avoir omis de convoquer le ministre de l´Intérieur. En effet, Yazid Zerhouni a affirmé devant la presse nationale, le 2 mars 2010, que l’assassinat du chef de la police était un «crime sans témoins».