Aéroport international d’Alger. Mardi, 10h. Le parking surchargé de véhicules donne un aperçu sur le nombre de voyageurs. Les agents chargés du contrôle étaient à pied d’oeuvre pour assurer la fluidité de la circulation. L’été tire à sa fin. C’est l’heure du retour des émigrés après un séjour dans leur pays natal. À l’entrée des halls, des files s’étirent sur des dizaines de mètres, passage au scanner oblige.
«Nous nous attendions à ce flux, d’autant que la rentrée scolaire est proche», souligne cette policière. À l’intérieur de l’enceinte aéroportuaire, une grande affluence. Des familles s’apprêtent à quitter le sol national vers la France, le Canada, l’Italie, le Maroc et l’Arabie Saoudite, notamment.
Conséquence, un grand nombre de passagers fait la queue devant les guichets d’enregistrement des différentes compagnies aériennes. Des familles, accompagnées de leurs enfants et surchargées de bagages, s’impatientent. «On est là depuis presque 40 minutes et ça n’avance pas», lance, excédé, ce père de famille au niveau du guichet 28, à destination de Casablanca. Un avis partagé par plusieurs passagers. «Et dire que tout est informatisé.
On ignore l’origine de ce problème. L’enregistrement d’un passager dure plus d’un quart d’heure, ce n’est pas normal», proteste un cadre qui travaille dans une entreprise étrangère au Maroc. Même situation au niveau de tous les guichets d’enregistrement.
Mais les destinations vers Casablanca, Le Caire et Doha ont enregistré un nombre record. «On a réservé un ou deux guichets seulement par vol, alors que le nombre de voyageurs dépasse les 200. On aurait dû mobiliser plus d’agents pour l’enregistrement des bagages et des documents », souligne un voyageur pour Doha.
Plus loin, c’est un sexagénaire qui peste contre «l’agent de la compagnie qui n’est jamais à son poste». Dans une autre file, un autre préposé à l’enregistrement des bagages focalise les commentaires des voyageurs. «Il bouge trop pour aller demander des renseignements à ses collègues, ce qui nous fait perdre beaucoup de temps», observe-t-on.
«On a constaté une amélioration des prestations de services, mais le problème, c’est l’enregistrement, trop long, à même de risquer de nous faire rater le vol», ajoute une passagère émigrée résidant en Italie. Il était 11h passé. Le tableau affiche un vol pour Casablanca, à 12h40 mais la file semble statique. «J’ai peur de rater le vol», souffle une jeune mariée qui devait rejoindre son époux à Doha. Son accompagnateur tente de la rassurer : «ils vont retarder certainement le vol». L’agent du guichet, lui, se défend.
«La vérification des documents nécessite du temps. C’est pour cela qu’on demande aux voyageurs de se présenter deux heures ou plus avant le vol», explique-t-il. Cette lenteur dans le service s’avère un cercle vicieux qui aboutit toujours aux mêmes effets : pratiquement tous les vols connaissent des retards.
Car, une fois devant les guichets de la police des frontières (PAF), il n’y a nulle priorité. Celui dont l’avion décolle dans 15 minutes doit, parfois, patienter derrière le voyageur dont le vol est prévu une heure plus tard. «Nos éléments procèdent à la vérification des passeports et autres documents de tous les passagers mais ils ne sont pas responsables de l’organisation des vols», précise un responsable de la PAF. Par contre, «il existe des guichets de police et de douanes qui orientent les voyageurs», indique-t-il.
LES EXPLICATIONS DU DG DE L’AÉROPORT
Interrogé sur ce sujet, le DG de l’aéroport international d’Alger, Tahar Allache, a qualifié la situation de «normale», étant donné qu’il s’agit de la fin de l’été et du retour des émigrés. «On enregistre un flux sur l’aéroport de 9h à 1h du matin. Un dispositif spécial a été mis en place en coordination avec nos partenaires depuis le début de la saison estivale afin de faciliter les procédures.
Mais il faut préciser que la gestion des guichets ne relève pas de nos prérogatives. Les agents relèvent des compagnies aériennes, mais j’assure qu’ils accomplissent leur mission. On ne peut pas, quand même, mobiliser un agent pour chaque passager», estime-t-il.
Sur la lenteur au niveau des guichets d’enregistrement, le DG explique qu’il s’agit d’un contrôle rigoureux qui s’inscrit dans le cadre des mesures sécuritaires spéciales de l’aéroport international. «La vérification demande beaucoup de temps», souligne-t-il. L’aéroport est submergé. Cafétérias, salles d’attente et autres espaces d’accueil des passagers sont noirs de monde.
« C’est une véritable marée humaine qui a investi l’aéroport ces derniers jours», précise un officier des douanes. En ce sens, le dispositif sécuritaire spécial saison estivale a été renforcé. Des policiers et douaniers en tenue, des éléments des brigades canines sillonnent les lieux. « On intervient aussi pour réconforter les passagers, les orienter et les sécuriser. C’est notre mission », explique un officier de police. Le contrôle des personnes a été également intensifié.
Neïla B