Les dés sont jetés. Aux Nations unies de se conformer à leurs propres articles et résolutions
La balle est dans le camp de la communauté internationale qui doit désormais assumer toutes ses responsabilités envers les Palestiniens.
L’initiative palestinienne semble faire bouger les choses, même si en réalité rien n’est fait. Après des mois de quiétude, le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, ONU, Russie, UE) a mis moins de «quatre heures» vendredi pour réagir à la demande d’adhésion d’un Etat de Palestine à l’ONU, avec une offre détaillée de reprise du dialogue.
Offre détaillée? Les différents médias et responsables du Quartette ont qualifié la proposition de reprise des négociations israélo-palestinienne d’«offre détaillée (…)» Pour la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, la proposition du Quartette est «concrète et détaillée». Pour sa part, le représentant du Quartette, Tony Blair, a affirmé que «si les deux parties sont intéressées par des négociations, elles doivent alors établir un calendrier et des propositions concrètes sur les frontières et la sécurité, et pas seulement s’asseoir autour d’une même table. C’est le seul moyen pour régler ces questions difficiles». Finalement que propose le Quartette, s’il laisse le soin aux belligérants d’établir le calendrier et de faire des propositions? Ou sont dont les «offres détaillées»? Les propos de M.Blair sont révélatrices car, selon la déclaration de ce groupe: «Le Quartette espère que les parties viendront avec des propositions d’ici trois mois sur le territoire et la sécurité et qu’elles auront fait des progrès significatifs d’ici six mois. A cette fin, le Quartette organisera une conférence internationale à Moscou, en consultation avec les parties, au moment opportun» On propose du vent aux Palestiniens alors qu’ils réclament du concret. Quid du gel des constructions dans les colonies alors qu’elles sont le principal obstacle et la cause première de l’arrêt des négociations. On demande aux Palestiniens de lâcher la proie pour l’ombre alors que la demande formulée, vendredi soir, par Mahmoud Abbas, a plutôt ébranlé une communauté internationale qui se complaisait dans ses certitudes. De fait, la déclaration est «incontestablement» peu détaillée sur le fond. Elle se réfère au discours de Barack Obama en mai, dans lequel le président américain propose de négocier sur la base des frontières d’avant la guerre israélo-palestinienne de 1967, avec des échanges de territoire acceptés par les deux parties afin de tenir compte des évolutions depuis. Mais le Quartette n’aborde pas, par exemple, la question épineuse des colonies juives, ni la demande d’Israël d’être considéré comme l’Etat-nation du peuple juif. On revient donc à la même position qui a, pendant tous ces mois, bloqué les négociations.

Le refus israélien de toute «condition» préalable au lancement des négociations, chose que contestent catégoriquement les Palestiniens. Ces derniers ont d’ailleurs appelé, vendredi, Israël à «saisir l’occasion offerte par le Quartette», présentant toutefois des conditions. «Nous sommes prêts à prendre nos responsabilités (…) mais Israël doit prendre les siennes et arrêter la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est», a déclaré à l’AFP le négociateur palestinien Saëb Erakat. Dans son discours, le président palestinien a dénoncé la politique de colonies de peuplement d’Israël, affirmant qu’elle était «la principale cause de l’échec du processus de paix» Selon lui, cette politique d’occupation «détruira non seulement les chances de réaliser une solution à deux Etats sur laquelle il y a un consensus international» mais «menace aussi de saper la structure de l’Autorité nationale palestinienne et même de mettre fin à son existence». De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est adressé a l’Assemblée générale, peu après que le président Abbas eut déposé formellement une demande d’adhésion d’un Etat de Palestine à l’ONU, affirmant: «La vérité est que nous ne pouvons pas parvenir à la paix par des résolutions de l’ONU mais par des négociations». Il a également estimé que «la base du conflit (au Proche-Orient), c’est le refus des Palestiniens de reconnaître l’Etat juif». «Reconnaissez l’Etat juif et faites la paix avec nous», a déclaré M.Netanyahu, rejetant la position palestinienne selon laquelle le fond du conflit, c’est la question de la colonisation.
Cela dit, les deux parties ont déclaré leurs intentions d’étudier la déclaration du Quartette. Concernant la procédure qui suit la demande d’adhésion d’un Etat de Palestine, «le Conseil de sécurité se réunira lundi à 15h00 (19h00 GMT). Une première séance de consultations sur la demande d’adhésion d’un Etat de Palestine à l’ONU, sera à l’ordre de la réunion», a annoncé vendredi soir à la presse l’ambassadeur du Liban, Nawaf Salam, qui préside le Conseil en septembre. M.Salam a précisé qu’il avait transmis la demande palestinienne aux 14 autres Etats membres du Conseil, après l’avoir lui-même reçue du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. Les Palestiniens espèrent obtenir au moins neuf voix sur quinze au Conseil, minimum requis pour que leur demande puisse faire l’objet d’une «recommandation» à l’Assemblée générale, passage obligé pour que celle-ci se prononce par un vote à son tour. Ce vote ne devrait pas intervenir avant plusieurs semaines, mais les Palestiniens se sont dits prêts à attendre que le Conseil statue avant d’étudier des alternatives (les propositions du Quartette).