Demain Mahmoud Abbas présentera la candidature de l’Etat palestinien qui sera soumise au secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon avant d’être présentée devant le Conseil de sécurité puis à l’Assemblée générale onusienne.
La grande majorité des 193 États des Nations unies ont fait part de leur intention de reconnaître l’État palestinien dans ses frontières de 1967. Washington annonce y opposer son veto. Paris et Londres n’ont pas fait connaître leurs positions.
Le Président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé vendredi dernier, qu’il présenterait la demande d’adhésion d’un Etat de Palestine à l’Onu la semaine prochaine pour qu’elle soit soumise au Conseil de sécurité. Une initiative qui n’a aucune chance d’aboutir compte tenu du veto annoncé d’Obama, tandis qu’Israël est hostile à cette initiative. « Nous allons au Conseil de sécurité », a déclaré M. Abbas lors d’un discours télévisé devant la direction palestinienne à Ramallah. « Après mon discours (devant l’Assemblée générale le 23 septembre, NDLR), je présenterai la demande d’adhésion au secrétaire général afin qu’il la transmette au président du Conseil de sécurité ».
« Notre option est le Conseil de sécurité », a insisté le président palestinien. « Quant aux autres options, nous en déciderons le moment venu ». « C’est notre droit légitime de demander l’adhésion à part entière de l’Etat de Palestine à

l’Onu », a-t-il estimé, assurant vouloir ainsi « mettre fin à une injustice historique en accédant à la liberté et à l’indépendance comme tous les autres peuples de la Terre, dans un Etat palestinien sur les lignes du 4 juin 1967 ». « Nous n’allons pas à l’Onu pour isoler ou délégitimer Israël mais l’occupation israélienne », a-t-il assuré. « Nous sommes le seul peuple au monde à être encore sous occupation » et « nous allons à l’Onu pour mettre le monde face à ses responsabilités. Il n’y pas de plus grand intérêt palestinien que l’unité nationale et la fin de la division », a-t-il estimé. Cependant le mouvement Hamas a critiqué la démarche de Mahmoud Abbas la qualifiant de « solitaire ». Elle « comporte de nombreux risques et peut constituer une violation des droits nationaux tels que le droit au retour, notre droit à la résistance et à l’autodétermination », a déclaré à l’AFP Sami Abou Zouhri, un porte-parole du Hamas à Ghaza, en allusion aux craintes que l’avènement d’un Etat ne mette en péril les droits des réfugiés hors des territoires palestiniens. De son côté Israël a dénoncé la démarche
« unilatérale » du président palestinien Mahmoud Abbas de demander l’adhésion d’un Etat de Palestine. « La paix ne s’obtiendra pas par une démarche unilatérale à l’Onu », a indiqué un bref communiqué du bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Israël et les Etats-Unis s’opposent à la demande d’adhésion d’un Etat de Palestine, arguant que la paix ne peut être le résultat que d’un retour à des négociations directes totalement gelées depuis un an. La Chine a renouvelé mardi son soutien à la demande d’adhésion de l’Etat de Palestine aux Nations unies, a-t-on indiqué de source officielle. « La Chine respecte et soutient le projet palestinien portant la demande d’adhésion de leur Etat à l’Onu », a affirmé le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hung Lee dans une conférence de presse. Le gouvernement chinois « soutient toujours les droits légitimes du peuple palestinien », a-t-il ajouté. L’établissement de l’Etat palestinien « est un droit inaliénable et constitue une condition préalable pour la paix avec Israël, et il œuvre pour la paix et la stabilité de la région du proche Orient », a déclaré le porte-parole de la diplomatie chinoise. Outre la Chine, de nombreux autres pays, asiatiques, africains et latino-américains, et des organisations régionales et internationales ont déjà apporté leur ferme soutien à cette requête palestinienne légitime.
D’Alger à New-York
Que de chemins parcourus depuis la réunion à Alger, le 15 novembre 1988 du Conseil national palestinien qui a adopte lors de sa dix-neuvième session une déclaration d’indépendance dans laquelle il affirme qu’ en dépit de l’injustice historique imposée au peuple arabe palestinien qui a abouti à sa dispersion et l’a privé de son droit à l’autodétermination, au lendemain de la Résolution 181 (1947) de l’Assemblée générale des Nations unies recommandant le partage de la Palestine en deux États, l’un arabe et l’autre juif, il n’en demeure pas moins que c’est cette résolution qui assure, aujourd’hui encore, les conditions de la légitimité internationale qui garantissent également le droit du peuple arabe palestinien à la souveraineté et à l’indépendance. Avec l’Intifada et l’expérience révolutionnaire accumulée, le peuple palestinien est parvenu au seuil d’un tournant historique décisif. Le peuple arabe palestinien réaffirme aujourd’hui ses droits inaliénables et leur exercice sur le sol palestinien (…) Sur la base des résolutions des Sommets arabes, En vertu de la primauté du droit et de la légalité internationale incarnée par les résolutions de l’Organisation des Nations unies depuis 1947, Exerçant le droit du peuple arabe palestinien à l’autodétermination, à l’indépendance politique et à la souveraineté sur son sol, Le Conseil national palestinien, au nom de Dieu et du peuple arabe palestinien, proclame l’établissement de l’État arabe de Palestine sur la terre palestinienne, avec pour capitale Jérusalem Al-Qods Al-Sharif. L’État de Palestine est l’État des Palestiniens où qu’ils soient. C’est dans ce cadre qu’ils pourront développer leur identité nationale et culturelle, jouir de la pleine égalité des droits, pratiquer librement leurs religions et exprimer sans entraves leurs convictions politiques. (…) De par sa responsabilité à l’égard de son peuple, de ses droits nationaux et de son désir de paix fondé sur la Déclaration d’indépendance du 15 novembre 1988, et en accord avec la volonté de l’humanité de renforcer la détente internationale et le désarmement nucléaire et de régler les conflits régionaux par des moyens pacifiques, le Conseil national palestinien affirme la détermination de l’OLP de parvenir à une solution politique globale du conflit israélo-arabe, dont l’essence est la question palestinienne, dans le cadre de la Charte des Nations unies, des dispositions de la légalité internationale, des principes et des règles de droit international, des résolutions des Nations unies dont les dernières en date sont les résolutions du Conseil de sécurité numéros 605, 607 et 608, et des résolutions des Sommets arabes, de façon à garantir les droits du peuple arabe de Palestine au retour, à l’autodétermination et à l’édification de son État indépendant sur sa terre nationale, ainsi qu’à mettre en place les dispositifs de paix et de sécurité pour tous les États de la région.
Washington et Paris
sur la même longueur d’ondes
Washington annonce son veto au conseil de sécurité et prévient que les aides aux Palestiniens seront coupées si ces derniers persévèrent. Curieuse situation qui voit les Etats-Unis de 2011 mettre un veto aux Etats-Unis de 2010 qui affirmaient à l’Onu : « L’an prochain nous accueillerons un nouveau membre, la Palestine » ! L’Europe, elle, est divisée. La France, qui a pourtant affirmé que l’édification de l’État palestinien constituait la meilleure garantie pour la sécurité d’Israël, se soustrait de l’histoire. Plaidant pour des pourparlers directs, Alain Juppé avait assuré à la mi-août que Paris saurait prendre ses responsabilités s’ils ne reprenaient avant septembre.
Ces pourparlers n’ont pas repris et pourtant Paris se réfugie aujourd’hui devant cette absence d’unité européenne. Singulier comportement qui, au nom de l’unité européenne, conduit à l’inaction des États membres prêts à défendre le droit. Et une nouvelle fois, c’est sur les Palestiniens que Paris entend faire pression. Paris, de nouveau, ne tient compte ni des exigences du droit ni de celles d’une opinion publique internationale de plus en plus excédée de l’impunité dont jouit Tel-Aviv.
Par : Sadek Belhocine