MenĂ©es depuis 2005, ces laborieuses nĂ©gociations sont depuis des mois au point mort en raison de l’Ă©volution politique en Turquie, dont le pouvoir est accusĂ© par ses dĂ©tracteurs de dĂ©rive autoritaire.
Le porte-parole du prĂ©sident turc Recep Tayyip Erdogan a reprochĂ© hier un «manque de vision» et une «soumission au populisme» Ă la chancelière allemande Angela Merkel qui s’est dite favorable Ă un arrĂŞt des nĂ©gociations sur l’adhĂ©sion de la Turquie Ă l’UE. Dans une tirade enflammĂ©e sur Twitter, Ibrahim Kalin Ă©crit qu’»attaquer la Turquie-Erdogan et ignorer les problèmes fondamentaux et urgents de l’Allemagne et de l’Europe reflète un manque de vision en Europe». Alors que les passes d’armes entre les deux pays alliĂ©s dans l’Otan se multiplient, M. Kalin accuse en outre les responsables politiques allemands de «soumission au populisme et Ă la marginalisation/hostilitĂ© (qui) ne fait que nourrir la discrimination et le racisme».
Dimanche soir, lors du seul dĂ©bat tĂ©lĂ©visĂ© de la campagne avec son rival social-dĂ©mocrate, Martin Schulz, Mme Merkel a confortĂ© son statut de favorite pour se succĂ©der Ă elle-mĂŞme avant les Ă©lections du 24 septembre. «Il est clair que la Turquie ne doit pas devenir un membre de l’Union europĂ©enne», a notamment dĂ©clarĂ© Mme Merkel. Elle a ajoutĂ© vouloir «discuter avec ses collègues» de l’Union europĂ©enne «pour voir si nous pouvons parvenir Ă une position commune sur ce point et si nous pouvons mettre fin aux nĂ©gociations d’adhĂ©sion».»Je ne vois pas l’adhĂ©sion arriver et je n’ai jamais cru que cela puisse survenir», a-t-elle encore expliquĂ©.
MenĂ©es depuis 2005, ces laborieuses nĂ©gociations sont depuis des mois au point mort en raison de l’Ă©volution politique en Turquie, dont le pouvoir est accusĂ© par ses dĂ©tracteurs de dĂ©rive autoritaire. Les relations entre la Turquie et l’Allemagne se sont particulièrement tendues depuis le putsch manquĂ© du 15 juillet 2016, imputĂ© par Ankara au prĂ©dicateur Fethullah GĂĽlen, qui nie les faits.
L’Allemagne dĂ©nonce depuis des mois les purges effectuĂ©es par le pouvoir turc suite au putsch ratĂ© et accuse Ankara d’avoir mis en dĂ©tention 12 citoyens allemands, possĂ©dant pour certains aussi la nationalitĂ© turque, pour des raisons politiques. Le cas le plus emblĂ©matique est celui du germano-turc Deniz YĂĽcel, dĂ©tenu depuis fin fĂ©vrier. Le prĂ©sident turc Recep Tayyip Erdogan l’a qualifiĂ© de sĂ©paratiste kurde et d’»agent allemand».
De son cĂ´tĂ©, la Turquie accuse Berlin de faire preuve d’indulgence envers des «terroristes», en abritant des sĂ©paratistes kurdes et des putschistes prĂ©sumĂ©s.Tout rĂ©cemment, M.Erdogan a provoquĂ© une levĂ©e de boucliers en Allemagne en appelant l’importante communautĂ© turque du pays – trois millions de personnes – Ă ne voter ni pour les conservateurs d’Angela Merkel, ni pour les sociaux-dĂ©mocrates. Pour M. Kalin, «peu importe quel parti gagne les Ă©lections allemandes car la mentalitĂ© qui gagnera est Ă©vidente».