Dans l’agenda du gouvernement, deux rendez-vous importants sont au programme, l’un au cours de ce mois de mai et l’autre durant le mois de juin prochain.
Il s’agit du processus d’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce pour le premier, et une rencontre d’évaluation de l’accord d’association avec l’Union européenne pour le second.
Dans l’immédiat, il s’agit pour le gouvernement de défendre ses positions avant de parapher le document autour duquel les négociations sont à la onzième phase. Annoncé à plusieurs reprises comme étant au stade final (2005 puis 2007), le processus d’adhésion est toujours en chantier.
Les négociations s’annoncent de plus en plus serrées et rudes et le gouvernement algérien a bien affiché ses ambitions de ne rien signer contre intérêts économiques du pays.
Mais la bataille est loin d’être gagnée tant les conditions d’adhésion sont sévères.
Attendue sur plusieurs questions, l’Algérie est appelée à convaincre ses partenaires à travers les réponses qu’elle formulera en vue de finaliser le document le plus tôt possible.
Il serait moins couteux pour l’Algérie d’adhérer maintenant
De l’avis du ministre du commerce, El Hachemi Djaaboub, l’Algérie aura tout à gagner en adhérant maintenant à l’OMC. «Il serait moins coûteux d’adhérer maintenant à l’organisation mondiale du commerce (OMC), que de le faire dans quelques années», a déclaré la semaine dernière le ministre du commerce pour qui également «la place de l’Algérie se trouve au sein de cet espace commercial international, il n’y a pas lieu d’opter pour la politique de la chaise vide».
Les propos du ministre sont clairs et précis, il n’est pas question donc pour l’Algérie de faire machine arrière après des années de négociations qui sont arrivées au 11e round.
Malgré les craintes soulevées par les économistes et autres patrons privés quant aux conséquences «négatives» qui pourraient découler de cette adhésion, les pouvoirs publics avancent une appréciation différente considérant ce processus comme moyen d’intégrer l’économie mondiale et en tirer profit, en vue d’une diversification de l’économie nationale.
Comme argument mis en avant, la réussite des réformes dites de «première génération» conduisant à la stabilisation de l’économie et au maintien des grands équilibres macroéconomiques.
Ce qui reste à présent, c’est d’aller de l’avant dans les réformes de «seconde génération» ayant trait entre autres aux finances dont la fiscalité, la libéralisation et la régulation des marchés.
Il n y a pas que cela. Des points tout aussi difficiles attendent des réponses et l’aval des pays engagés dans les discussions avec l’Algérie.
Les dossiers qui fâchent
Le ministre du commerce n’arrête pas de parler de ces questions qui restent en suspens et desquelles dépend en grande partie l’avancée des négociations. El Hachemi Djaboub qualifie ces dossiers de points qui «fâchent».
Il s’agit en fait d’obstacles à surmonter si l’on veut réellement accélérer le processus d’adhésion.
Au total, «96 requêtes» ont été déposées auprès de l’UE et des Etats-Unis qui ne sont toujours pas solutionnées.Parmi ces contraintes figure la question du prix du gaz en Algérie. Les membres de l’OMC demandent au gouvernement d’aligner ce prix sur ceux du marché extérieur, ce que refuse l’Algérie qui considère que le prix du gaz appliqué et «non soutenu et réel».
Ce point précis sera, difficile à résoudre dans la mesure où l’Algérie estime que le prix de gaz est parmi les avantages comparatifs pour attirer les investisseurs étrangers.
Autre condition imposée pour l’adhésion à l’OMC, il ya lieu de citer aussi la suppression de la taxe intérieure de consommation ou encore l’obligation d’importer d’anciens véhicules et le droit de pratiquer le commerce extérieur tout en étant à l’étranger. Pour l’heure, le ministre du commerce n’a pas donné plus de précisions sur les réponses qu’aura à formuler le gouvernement se contentant de souligner qu’aucun accord de libre-échange ne serait envisageable avant l’adhésion effective de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce.
L’accord d’association, un autre dossier chaud pour le mois de juin
Comme le prévoit une clause de l’accord d’association Algérie UE, les deux parties se réuniront pour une rencontre d’évaluation. Le rendez-vous pourrait intervenir au mois de juin prochain. Tout comme l’adhésion à l’OMC, l’accord d’association est loin d’être une sinécure.
«Ce sera extrêmement dur, il ne faut pas se leurrer», tels sont les propos du ministre du Commerce. Difficile, c’est le mot, car la conjoncture économique tant nationale qu’internationale n’est plus la même.
D’abord la nouvelle orientation économique du gouvernement adoptée ou imposée, c’est selon, par la crise économique mondiale, reposant sur le cadrage des importations, est un aspect de taille à prendre en considération lors de la prochaine réunion.
Beaucoup a été, en effet, dit du côté des 27 sur ces mesures depuis la promulgation de la loi de finances complémentaires 2009, considérant le marché algérien «hermétique» alors que le gouvernement n’a de cesse de préciser que de telles dispositions ne sont en aucun cas un frein à l’implantation des investisseurs étrangers.
Du côté algérien, le grief retenu contre cet accord est relatif au déséquilibre dans la balance commerciale largement favorable à la partie européenne. Cette situation est la résultante des mesures «draconiennes» mises en place par l’Union européenne pour toutes les marchandises importées.
Dans ce registre par exemple, il est très difficile d’exporter les produits agricoles car il n’est pas aisé de répondre aux exigences européennes en termes de législation. Ce qui est d’ailleurs, dénoncé par les pouvoirs publics et El Hachemi Djaaboub qui est toujours au devant de la scène a critiqué ces pratiques en soulignant que les partenaires européens «doivent cesser de considérer l’Algérie comme un simple marché».
Globalement, l’Algérie présentera un rapport plutôt négatif de ces cinq années d’application de l’accord d’association.
Karim Djoudi, ministre des Finances, avait confirmé cette tendance le mois dernier à Bruxelles, en affirmant que la suppression des droits des douanes a «entraîné en 2009 un manque à gagner de 2,2 milliards de dollars alors que les flux d’investissements européens vers l’Algérie sont faibles, à peine 500 millions de dollars», ajoutant : «En dernière instance, c’est moins de ressources fiscales, peu d’investissements, peu d’exportations hors hydrocarbures et une économie qui pourrait privilégier l’acte de commercer à celui de produire».
De l’avis des experts, l’Algérie est «lésée», elle qui a fait des beaucoup de concessions sans avoir une contrepartie.
Rien que pour le secteur des services, l’Algérie importe pour 11 milliards de dollars annuellement et 65% de l’ensemble de ses importations provient de l’Europe.
L’Algérie qui espère «revoir la copie» devra, en tout cas, batailler dur si elle veut au moins réduire l’écart et faire sortir cet accord du cadre strictement commercial dans lequel l’UE veut à tout prix le confiner.
Par : Ryadh El Hadi