La réplique sèche et ô combien honnête du nouveau ministre du commerce, Bakhti Belaib à propos de l’adhésion de l’Algérie à l’OMC va certainement faire date. A rebrousse poil de ceux qui veulent envoyer l’Algérie dans la gueule du loup, le ministre a tenu aujourd’hui un discours patriotique tout à fait en phase avec le sentiment des algériens d’en bas.
Plus prosaïquement, il a tranché qu’il n’est pas question d’arrimer l’Algérie à l’organisation mondiale du commerce, le club des riches, à n’importe quel prix. S’il est vrai qu’il n’a pas exclu catégoriquement toute adhésion à cette organisation un jour, il n’a pas non plus fixé d’échéance ou de délai pour y aller. Cet engagement n’est en tout cas pas la priorité des priorités telles qu’il a été seriné par son très libéral prédécesseur Amar Benyounes.
Bakhti Belaib qui a eu déjà il y a seize années à suivre ce dossier, puisqu’il avait lui-même présidé la délégation algérienne, refuse de se précipiter sur cette piste aussi glissante que délicate qu’est l’adhésion à l’OMC. Il refuse de succomber à cet effet de mode que semblait suivre Benyounes pour qui l’adhésion à l’organisation était presque une (bonne) fatalité.
Malgré les inquiétudes soulevées par le monde du travail via l’UGTA et la montée au créneau du parti des travailleurs, Amar Benyounes a foncé tête baissée vers la concrétisation de ce dessein comme si c’était une performance économique. Or des spécialistes et autres experts ont mis en garde les responsables algériens sur les dangers d’une adhésion dans un contexte national marqué par une économie rentière qui n’exporte quasiment rien.
Et si d’aventure l’Algérie adhérait à l’OMC avec tout ce que cela suppose comme levée des barrières tarifaires et non tarifaires et suppression des droits de douanes, le marché national sera inévitablement inondé de produits étrangers. Le peu de produits made in Algeria ne pourra pas supporter la concurrence ni en terme de quantité ni en terme de qualité.
Le coût de l’adhésion
Le résultat sera fatal pour la relance économique et l’Algérie deviendra un vrai bazar. Le nouveau ministre a donc raison de dire que le peuple à son mot à dire. «Il faudrait qu’à un moment, nous, entre Algériens, fassions un comparatif entre le coût de la non-adhésion et celui de l’adhésion. Je pense que c’est un travail que nous n’avons pas encore fait».
Voilà le langage de vérité qui honore ce ministre qui a cœur de ne pas abuser de la confiance du peuple et des générations futures. Un tel choix aux conséquences incalculables ne devrait pas se suffire d’une volonté d’un ministre voire même d’un gouvernement.
Un débat national libre et transparent doit être lancé pour voir l’opportunité ou pas d’adhérer à l’OMC. Il est heureux de voir qu’il y a des ministres qui font preuve de patriotisme économique et refusent de jouer le jeu des lobbies ultra libéraux d’ici et d’ailleurs.