Adhésion à la banque des BRICS : quels avantages pour l’Algérie ?

Adhésion à la banque des BRICS : quels avantages pour l’Algérie ?

Le lundi 19 mai 2025, l’Algérie est devenue, d’une manière officielle, membre de la Nouvelle Banque de Développement (NDB) des BRICS. SE Abdelaziz Benali Chérif, ambassadeur d’Algérie au Brésil, a remis personnellement l’instrument d’adhésion au représentant du Brésil auprès des BRICS, Mauricio Carvalho Lyrio.

Dans le communiqué rendu public par la NBD, le ministre algérien des Finances, Abdelkrim Bouzred, a déclaré :  » Cette adhésion témoigne de notre conviction quant au rôle essentiel de cette institution dans le financement du développement mondial, ainsi que de sa position d’acteur clé capable de proposer des solutions alternatives et innovantes pour renforcer la croissance et la résilience des économies de ses pays membres. »

Pour sa part, Dilma Rousseff, présidente de la NDB, a exprimé un vif enthousiasme suite à l’adhésion de l’Algérie. « L’Algérie, a-t-elle souligné, joue un rôle important non seulement dans l’économie de l’Afrique du Nord, mais aussi à l’échelle mondiale, et contribuera sans aucun doute à renforcer la position de la NDB sur la scène financière internationale. »

Mettant en avant ses abondantes ressources naturelles, son économie dynamique et sa position géographique stratégique, la présidente de la NDB a pointé que l’Algérie dispose d’un immense potentiel de croissance et de développement. « La NDB, a-t-elle affirmé, s’engage à devenir un partenaire fiable pour l’Algérie, en soutenant son agenda de développement durable. »

Pour rappel, la contribution de l’Algérie à la Banque de Développement des BRICS s’élève à 1,5 milliard de dollars. Penchons-nous maintenant sur les avantages potentiels que l’Algérie peut tirer de son adhésion à la NBD.

Un accès prioritaire aux financements de la NBD

Dans son analyse, l’expert économique et financier, Boubaker Selami, considère cette adhésion comme une preuve concrète de l’amélioration des indicateurs économiques du pays. L’Algérie étant récemment classée comme une économie émergente de la tranche supérieure, cela en fait un partenaire fiable au sein de cette institution. Selon lui, cette étape ouvre de nouvelles perspectives pour l’Algérie pour soutenir sa croissance économique à moyen et long terme, notamment à travers l’accès aux prêts pour le financement de projets.

Dans une déclaration au média spécialisé Al-Araby Al-Jadid, Selami a expliqué que la banque des BRICS offre à l’Algérie la possibilité de compter parmi les premiers bénéficiaires des financements. Par conséquent, l’Algérie disposera d’une source importante de partenariat pour le financement de grands projets. Une démarche qui s’inscrit dans la lignée des orientations des autorités du pays pour la réalisation de ses programmes de développement dans de nombreux domaines.

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L’expert économique et financier a expliqué que cette démarche contribuerait à réduire la domination du dollar américain dans les transactions financières mondiales, surtout que le groupe des BRICS prévoit de lancer sa propre monnaie pour les transactions internes. En outre, il a souligné que l’utilisation du dollar constitue parfois un obstacle aux échanges commerciaux avec certains pays. Dans ce contexte, il a notamment évoqué les transactions avec la Russie qui a décidé de ne plus utiliser la monnaie US.

Mettre fin à l’hégémonie du dollar américain

Après avoir rappelé que l’adhésion aux BRICS n’est pas une condition préalable pour contribuer à NBD, Boubaker Selami a expliqué que l’introduction d’une devise mondiale forte qui concurrence le dollar américain créerait un équilibre dans le système financier et monétaire mondial. Pour l’Algérie, l’adhésion à la banque des BRICS et la participation à son capital lui permettrait de bénéficier, à l’instar de tous les contributeurs, de l’expansion de ses activités et du financement de projets dans différents pays à travers le monde.

Abdelaziz Benali Chérif et Mauricio Carvalho Lyrio,

Abdelaziz Benali Chérif, ambassadeur d’Algérie au Brésil, remet le document d’adhésion à Mauricio Carvalho Lyrio, représentant du Brésil auprès des BRICS (19/05/2025).

De son côté, l’expert financier et bancaire, Abderrahmane Aya, a évoqué la transformation radicale que connaît le domaine géostratégique de l’économie mondiale. Cette évolution fait suite à l’émergence de nouvelles puissances économiques qui rivalisent avec le pôle occidental dirigé par les États-Unis et soutenu par l’Union européenne, qui ont bénéficié du renforcement de leurs devises respectives, le dollar et l’euro.

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Ainsi, l’entrée de l’Algérie dans la banque des BRICS s’inscrit dans une démarche d’équilibrage, lui offrant une marge de manœuvre pour rechercher ses intérêts économiques tout en maintenant une distance égale avec toutes les parties. Cette stratégie prend une importance particulière dans le contexte des orientations du président américain Donald Trump et de sa vision du contrôle de l’économie mondiale à travers les mesures qu’il ne cesse de décréter.

Qu’est-ce que la New Development Bank (NBD) ?

Fondée en 2015 par les cinq pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), la Nouvelle Banque de développement (NDB) est une institution financière dont l’objectif est de mobiliser des ressources pour financer des projets d’infrastructure et de développement durable dans les pays des BRICS et d’autres économies émergentes ou en développement. La NDB vise à soutenir la croissance et le développement mondiaux en répondant aux besoins et aux aspirations de ces économies.

Depuis sa création en 2015, la NDB a approuvé plus de 120 projets d’investissement, représentant un montant total de 40 milliards de dollars et couvrant plusieurs secteurs clés, tels que les énergies propres, les infrastructures de transport, la protection de l’environnement, l’approvisionnement en eau et l’assainissement, les infrastructures sociales et les infrastructures numériques.