Large consensus autour du régime semi-présidentiel : Bouteflika va-t-il céder ?

Large consensus autour du régime semi-présidentiel : Bouteflika va-t-il céder ?

Va-t-on vers un régime semi-présidentiel et l’officialisation de la langue amazighe ? Logiquement oui, si les consultations autour de la révision de la Constitution qui viennent de s’achever ont réellement la vocation de prendre en compte les avis des participants.

Dans le cadre des consultations sur le projet de révision constitutionnelle, entamées au début du mois de juin sous la conduite du ministre d’État, chef de cabinet à la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, un large consensus s’est, en effet, dégagé autour de ces deux points revendiqués par la plupart des formations politiques et personnalités sollicitées, y compris par les partis de la majorité parlementaire, à savoir le FLN et le RND.

La proposition d’un régime semi-présidentiel est également soutenue par les organisations de masse telles que la Centrale syndicale, les Scouts musulmans algériens (SMA), le Rassemblement algérien de la jeunesse (RAJ), l’Union nationale des femmes algériennes (Unfa), l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) et plusieurs organisations estudiantines. Cette orientation est déroutante pour au moins deux raisons : l’option d’un régime semi-présidentiel ne figure pas dans les propositions de la présidence de la République envoyées aux participants à ces consultations avant leur entame.

De surcroît, ce choix est porté par des partis politiques qui soutiennent le président Bouteflika, à l’instar du MPA de Amara Benyounès, de Taj d’Amar Ghoul, du FLN et du RND. En rendant publique leur préférence pour le régime semi-présidentiel, ces formations politiques se sont prononcées, par voie de conséquence contre le régime présidentiel dans son fonctionnement actuel dans lequel le chef de l’État est le seul détenteur du pouvoir exécutif. Des nuances apparaissent, toutefois, dans leur perception du fonctionnement du régime semi-présidentiel.

Pour le FLN, ce type de régime va “renforcer le rôle du Parlement ainsi que le principe de la séparation des pouvoirs et garantir l’indépendance de la justice”, si on attribue le poste de chef de gouvernement au parti qui remporte les élections législatives avec une représentation de l’opposition au sein de l’Exécutif pour mettre en place un mode de gouvernance consensuel. Le RND plaide, lui, en faveur de la désignation d’un Premier ministre issu de la majorité parlementaire et non d’un chef de gouvernement.

Le parti d’Amar Ghoul croit innover en prônant un régime semi-présidentiel ouvert assorti d’un retour de la fonction de chef de gouvernement issu de la majorité en lieu et place du Premier ministre. Taj souhaite davantage de prérogatives pour le chef de gouvernement qui ne doit pas se contenter du titre de coordinateur. L’Alliance nationale républicaine (ANR) s’est prononcée pour un régime semi-présidentiel avec la création d’un poste de vice-président.

Amara Benyounès, président du MPA, pense que le régime semi-présidentiel va consolider la stabilité politique et sociale dans le pays.

L’actuel ministre du Commerce propose aussi sur un autre chapitre, l’organisation de législatives anticipées. Parmi les réformes proposées figurent également la séparation des pouvoirs exécutifs législatifs et judiciaires et la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux. Reste à savoir quelle proposition décidera de retenir le pouvoir. Plusieurs personnalités et formations politiques regroupées au sein d’une coalition ont émis un sérieux doute sur la crédibilité des consultations autour de la loi fondamentale, les assimilant à une simple diversion pour occuper la scène politique.

Si la présidence s’est précipitée pour donner un bilan chiffré de ces consultations en termes de nombre de participants et de constitutions, elle s’est abstenue, pour l’instant, de commenter les propositions récurrentes et leur portée.

N. H.