«Il va sans dire que, vingt ans après l’ouverture du champ médiatique national, les dispositions juridiques qui régissent le secteur gagneraient à être actualisées, assouplies et harmonisées pour être au diapason avec les mutations actuelles. Il faudra consolider celles existantes pour assurer une meilleure prise en charge de la profession tant en matière juridique que sociale», a déclaré à la veille de la célébration de la Journée de la liberté de la presse, le secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication, Azzedine Mihoubi, dans un entretien accordé à l’APS.
Il est évident que la date du 3 mai représente, chaque année, une halte pour la corporation journalistique en Algérie qui s’interroge sur son devenir, sur les règles de son fonctionnement actuel et sur ses multiples contraintes. Parmi lesquelles, l’anarchie et la désorganisation qui caractérisent les secteurs de l’impression et de la diffusion, en raison notamment de l’absence d’outils de régulation et du monopole de l’Etat sur ces activités. Une situation toujours effective en dépit de l’ouverture du secteur de la presse au privé en 1989. Une situation qui n’est pas sans influer sur les marges de manœuvre des différents titres qui en subissent les retombées, aussi bien dans le secteur public que privé.
La création d’un holding d’entreprises d’impression par le ministère de la Communication en juillet 2008 n’a fait que renforcer le contrôle de l’Etat dans ce domaine. Seuls les quotidiens El Khabar et El Watan sont parvenus à échapper à cette mainmise de l’Etat sur ces segments d’activité en créant une société indépendante qui gère deux imprimeries ainsi qu’un système de distribution indépendant (Algérie Diffusion & Impression de presse). Même si le gouvernement autorise l’importation des rotatives depuis quelque temps, il va sans dire que ce ne sont pas tous les titres de la presse algérienne qui bénéficient d’une santé financière à même de leur permettre de bénéficier de cette disposition.
Outre l’impact de ce monopole sur les lignes éditoriales des entreprises de presse, ces dernières, en particulier celles indépendantes, font parfois face à la menace de suspension en cas de litige autour du coût d’impression que les imprimeries étatiques souhaitent relever. L’état des dettes détenues par ces dernières auprès de nombreux titres n’est pas sans encourager leurs velléités d’indépendance. Avec le monopole sur l’importation du papier, les autorités algériennes complètent leur emprise. Et elles disposent d’une arme économique supplémentaire contre les récalcitrants, via son monopole sur l’attribution de la publicité.
Depuis avril 1968, l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP), créée en décembre 1967, distribue la publicité des administrations et des entreprises en fonction des lignes éditoriales, récompensant d’abord les journaux proches du régime. L’annonce d’une nouvelle loi censée remettre de l’ordre dans le domaine de la publicité et qui remonte à plus d’une année attend d’être concrétisée sur le terrain.