Les plaidoiries magistrales prononcées par les avocats de la défense ont été d’un apport inestimable dans la libération des ex-cadres de la Cnan, à la grande joie de leurs familles présentes en masse lors du procès.
Le plus optimiste des observateurs n’aurait pas prédit une telle issue. Incarcérés depuis près de six ans dans les geôles de Serkadji, Berrouaghia et El-Harrach, les six ex-cadres de la Cnan viennent de recouvrer leur liberté, à la faveur de la relaxe prononcée par la chambre criminelle près la cour d’Alger. Un verdict inespéré au vu de la lourdeur des charges retenues contre les prévenus, et la perpétuité requise par le procureur général à leur encontre. Entre ces deux étapes majeures, il y a lieu de souligner l’excellente prestation du collectif d’avocats de la défense.
Les plaidoiries magistrales interprétées par les Mokrane Aït Larbi, Miloud Brahimi, Khaled Bourayou, Chorfi et les autres ont été d’un apport inestimable dans la libération des ex-cadres de la Cnan, à la grande joie de leurs familles présentes en masse lors du procès. Tout a commencé par une tragédie un certain 13 novembre 2004. Un cargo, le « Bechar » en l’occurrence, coule à quelques encablures du port d’Alger, avec 16 marins qui périrent à bord. C’était à la veille de l’Aïd el-Fitr.
Des cadres de la Cnan, à savoir le P-dg, le directeur de l’équipement technique, le directeur technique des navires, l’inspecteur technique du navire «Bechar», le directeur de l’armement des navires et l’ingénieur technique chargé du suivi des navires furent alors écroués sur le champ. Le tribunal de Sidi M’hamed les a condamnés à 15 ans de prison, mais la défense avait fait appel. Il aura fallu six longues années pour que la cour d’Alger se prononce en faveur de leur acquittement. La question-clé qui a présidé à la libération des prévenus était de savoir « si les mis en cause ont ou non la qualité d’armateurs ». La réponse de la majorité des membres du jury était « non » au grand bonheur ex-cadres de la Cnan. Mais auparavant, le collectif d’avocats de la défense avait fourni un travail de fourmi, amassant des preuves concrètes sur l’innocence de leurs clients. Des preuves qui ont finalement réussi à faire fléchir les lourdes accusations du parquet. Il y a également de signaler les derniers mots prononcés par les principaux accusés avant que le président de la cour ne lève la séance pour les délibérations.
L’ex-P-dg de la Cnan qui « souhaite être relaxé », avait réitéré au jury que le « Bechar » n’était pas en situation de navigabilité et clamé de là même son innocence à l’instar des autres cadres de la compagnie. Ces appels venus de cadres ayant déjà purgé six ans en prison, qui ont mis en émoi l’assistance, n’ont pas été sans adoucir les lourdes peines qu’ils encouraient. Reste à savoir comment les cadres relaxés seront-il réhabilités dans leurs droits civiques et professionnels à présent. Seront-ils réintégrés dans leurs postes à la Cnan après tant d’années d’emprisonnement ? Seront-ils indemnisés sur les préjudices moral et physique subis lors de leur incarcération ? Wait and see.